الأربعاء 4 رمضان 1445

LES MILLE VERITES SCIENTIFIQUES DU CORAN tome 02

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LE PARACLET ET L'ANNONCE DE LA MISSION PROPHETIQUE DE MOHAMMED
          L'Ancien Testament a toujours adopté une position claire vis-à-vis des faux prophètes et des manipulateurs d’opinion. De nombreux passages attestent sans ambages que Dieu ne permettra jamais que les mystificateurs puissent réussir dans leur entreprise mensongère et trompeuse. Voici quelques exemples de cette attitude qui est restée constante tout au long des siècles. Dans le Livre de Jérémie, Dieu déclare qu'Il s'attaquera « aux soi-disant prophètes qui confondent leurs paroles avec la Sienne et égarent le peuple. » (Jérémie 23. 30). Dans le Livre d'Ezekiel, Il annonce « qu'il déclenchera un malheur contre les (faux) prophètes insensés qui suivent leur propre inspiration et inventent des visions.» (Ezekiel 13.3). Le Livre de Michée prédit : «la fin des faux prophètes, appelés à sombrer dans l'obscurité (Michée.  3. 6)  Alors que le Livre de Zacharie « incite les parents à tuer leurs fils qui prêchent le faux. » (Zacharie 13. 3).
D'une façon  générale, la tendance qui se dégage de l'Ancien Testament est que Dieu  n’hésitera pas à annihiler toutes les tentatives des faux prophètes et à détruire leur argumentation et leur enseignement. Il s’agit d’une ligne de conduite immuable, car le danger de voir émerger de fausses croyances était grand. C'est ainsi que  le faux prophète qui s'opposa à Jérémie perdit la vie et que de nombreux  usurpateurs  cités par la Bible, subirent le même sort. Il n'existe pas un seul cas où un imposteur usant de la qualité d'Envoyé de Dieu a vu sa mission couronnée de succès. Cette règle ne concerne pas les communautés soumises à une idéologie basée sur une autre forme de croyance, comme l'athéisme, le marxisme, le fétichisme, l'animisme…etc. Ce faisant, ces tendances se sont éloignées délibérément du monothéisme, qui dès lors n’est plus reconnu dans son fondement  et leur inclination à l’incroyance ne leur permettait plus de se revendiquer d’une divinité quelconque
Les énergumènes qui se prévalent faussement de Dieu et attribuent leurs paroles au Seigneur, sont ceux qui ont pu bénéficier de la crédulité des gens temporairement, avant que la réalité ne se manifeste et qu'ils soient démasqués et châtiés. Car il est dans l'ordre des choses qu'ils ne puissent opposer leur enseignement trompeur  à celui du Créateur de l’univers, ni qu’ils soient en mesure d’inventer des propos qu'ils pourraient lui imputer,  ni  qu’ils possèdent la faculté d’imposer le mensonge  au détriment de la vérité ou qu’ils disposent de la faculté de persister dans l'erreur indéfiniment et d’entraver la Volonté divine et que cela reste sans conséquence. Leurs discours devaient invariablement disparaître et eux-mêmes s’exposaient aux rigueurs de châtiments exemplaires. Faute de quoi, les faibles d'esprit ou les criminels auraient pu croire qu'ils possédaient la capacité de se dresser contre le Seigneur  de l’univers et d’accorder un crédit  injustifié à leurs déclarations et à leurs proclamations insensées. Mais il n'en reste rien, leur puissance a été exterminée, leur éloquence réduite au silence et leurs traces effacées.
Les Evangiles n’ont pas manqué,  eux aussi de mettre en garde les fidèles contre les faux prophètes et les charlatans,  qui effectivement, ne manquèrent pas de se manifester, produisant  nombre de miracles et de  prodiges afin d'éblouir les gens crédules et de les attirer à leurs causes dévoyées. Les Livres de Matthieu, Marc et Luc parlent « des faux messies et des faux prophètes qui se lèveront et feront des signes et des prodiges pour égarer les élus. » Or ces appréhensions attribuées au Christ étaient bien fondées, puisque l’histoire de l'Eglise révèle que de faux prophètes sont effectivement  apparus parmi les membres de la communauté naissante pour prêcher des enseignements qui ne devaient rien aux révélations divines.
Aux premiers temps de l'Islam, nombre d’individus qui se prétendaient mandatés par Dieu, surgirent  pour imiter  le Coran et prôner de nouveaux principes de vie qui étaient en contradiction avec les préceptes islamiques. Mais les mystificateurs disparurent dans la tourmente de leurs  funestes prédications. Ils connurent la disgrâce, et une mort violente. Leurs révélations furent détruites et leurs disciples décimés. Tous ces faits, confirment la justesse des écrits bibliques relatifs à ce sujet. Quelques cas typiques de ce genre d'agissements qui se sont heureusement soldés par des échecs retentissants, seront développés plus loin. Le seul Prophète véritable, dont la vocation et le succès ne doivent  rien  aux miracles ni aux prodiges, qui connut un retentissement mondial et dont la religion, quatorze siècles après ne cesse de progresser, a été  justement Mohammed, le Prophète de l’Islam, que le Salut et la Bénédiction de Dieu soient sur lui. L'annonce de son apostolat fut prédite par Jésus et consignée dans l'Evangile. Mais pour des raisons qui la concernent car ils menacent directement ses intérêts,  l'Eglise chrétienne dénie toute allusion à sa venue.
Selon le Coran  pourtant,  l’avènement du Prophète Mohammed fut divulgué par le Christ en personne,  aux Israélites qu'il s'efforçait de convertir à la nouvelle religion. Voici comment le Livre Sacré des Musulmans rapporte ces faits : « Jésus, fils de Marie dit : « Ô fils d'Israël, je suis vraiment le Messager de Dieu, envoyé vers vous pour confirmer ce qui existait avant moi de la Torah,  et pour vous annoncer la bonne nouvelle d'un Prophète qui viendra après moi et dont le nom sera Ahmed... » (Ahmed est l’équivalent de Mohammed, en arabe). Mais, lorsque celui-ci vint à eux, avec des preuves évidentes, ils dirent : « C’est là, de la magie manifestement. » Qui donc est plus injuste qui forge un mensonge contre Dieu ? Dieu ne dirige pas un peuple injuste. Ils veulent de leur bouche éteindre la Lumière d’Allah, mais Allah parachèvera Sa Lumière en dépit de l’aversion des mécréants. C’est Lui qui a envoyé Son Messager avec la Direction et la religion de vérité, pour l’élever au-dessus de toute autre religion, en dépit de l’aversion des incrédules. Ô  croyants ! Vous indiquerai-Je, un commerce qui vous sauvera d’un châtiment douloureux ? Croyez en Allah et en son Messager ; vous combattrez dans le chemin de Dieu avec vos biens et vos personnes ; cela vous est bien plus profitable, si vous saviez ! Dieu pardonnera vos péchés ; Il vous introduira dans des vergers où coulent les ruisseaux, aux demeures agréables, dans les jardins d’Eden. Voilà un bonheur sans limite ! »  (Coran 61. 6 à 12).
Les Evangiles canoniques ne reprennent pas à leur compte la première partie de cette citation relative à la venue d’un Prophète.   Rien n'est mentionné en ce sens dans les Livres de Matthieu, Marc et Luc. Par contre, l'Evangile de Jean, le dernier Evangile chronologiquement et  qui diffère sensiblement des autres en rapportant nombre de faits inconnus des précédents,  parle de « Celui qui viendra après Jésus »...  (Jean 16).
Selon la version officielle de l'Eglise, et le texte évangélique aidant, le passage en question prédit, non pas la venue d'un Prophète, mais celle d'un Esprit connu sous le nom d'Esprit Saint,  qui était destiné à guider les Chrétiens sur le chemin tracé par Jésus. Voici comment s'exprimait Jean dans son Evangile : « Celui qui doit vous aider viendra. C'est le Paraclet, l'Esprit de Vérité qui vient du Père. Il parlera de moi, et vous aussi vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement...Maintenant, je m'en vais auprès de Celui qui m'a envoyé et personne ne me demande: « Ou vas-tu ? » Mais l'affliction a rempli votre cœur parce que je vous ai dit cela. Cependant, je vous dis la vérité. Il est préférable pour vous que je m'en aille, car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas. Mais si je pars, je vous l'enverrai. Et lui par sa venue, il prouvera aux gens qu'ils se trompent au sujet du péché, au sujet de ce qui est juste et au sujet du Jugement de Dieu…J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous n'êtes pas en mesure de les supporter. Quand l'Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans toute la vérité. Il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et il vous annoncera tout ce qui doit arriver. Il relèvera ma gloire, car il recevra de ce qui est à moi. C'est pourquoi j'ai dit qu'il vous communiquera ce qui est à moi. » (Jean 15. 26  et 16. 1 à 15)
Or ce récit  est en contradiction avec les déclarations antérieures de Jean l’Evangéliste. Puisque ce dernier relate les déclarations du Prophète Jean-Baptiste (Yahia, dans le Coran), qui chronologiquement avait précédé le Christ et qui avait dit : « J’ai vu l’Esprit-Saint descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui (sur Jésus). Je ne savais pas encore qui il était, mais Dieu qui m’a envoyé baptiser avec de l’eau, m’a dit : « Tu verras l’Esprit descendre et demeurer sur un homme ; c’est lui qui va baptiser avec le Saint-Esprit. » (Evangile de Jean. 1.32)  Le Saint -Esprit était déjà présent dès le début de la mission de Jésus ; par la suite, il se manifesta à plusieurs reprises, et jamais personne n’employa le terme de Paraclet pour le désigner.  Le Saint-Esprit  restait le Saint-Esprit et le Paraclet d’une autre nature. Du reste l’Esprit du Seigneur existait avan l’apparition du Christianisme, puisque l’Ancien Testament juif y fait souvent référence. Aussi, on voit mal, comment à postériori, l’Eglise chrétienne essaie d’assimiler le Paraclet, au Saint-Esprit, uniquement dans le but d’éliminer toute référence à l’apparition du Prophète Mohammed, que le Salut et la bénédiction d’Allah soient sur lui.
Les Musulmans sont convaincus que le texte en question décrit bien le Prophète de l’Islam, qui est désigné par « Celui qui doit venir ». Le terme « Paraclet », utilisé en français, dérive du grec « Paraklêtos »,  qui signifie « défenseur », « avocat » ou « quelqu'un qu'on appelle à son secours. » Il a été traduit de la langue araméenne dans laquelle s'exprimait Jésus,  et dont les textes originaux n’existent plus, vers  le grec, des décennies plus tard. Aussi, personne n’est en mesure de garantir  que le Paraclet désignait un esprit plutôt qu'un homme, sauf dans l’optique de combattre l’apparition d’un être humain comme Prophète.
Etant donné que Jean fut le seul évangéliste à rapporter cet épisode, son témoignage reste sujet à caution. Pourquoi ni Matthieu, ni Marc, ni Luc n'en soufflent mot ? Il est vrai qu’il a été aussi le seul à citer d'autres récits, par exemple le mariage à Cana (2. 1 à 12), le paralysé de Bethzatha (5. 1 à 18) ou l'aveugle de naissance (9. 1 à 41). Mais le thème du Paraclet est autrement plus important. Il constitue l'héritage spirituel de Jésus et a été prononcé lors du dernier repas de la Cène, regroupant ce dernier et les  douze apôtres réunis. A ce titre aucun des évangélistes ne devait l'ignorer. Pourtant il a été passé sous silence. L'hypothèse la plus vraisemblable pour expliquer cette attitude étonnante réside certainement dans le fait que le mot en araméen ou en hébreu qui est une langue proche, ne correspondait pas au sens de « Saint Esprit » ;  il aurait été modifié, afin de ne pas introduire un élément de discorde au sein d'un mouvement qui commençait à s'épanouir avec vigueur. Car, en annonçant la venue d’un homme, par conséquent d’un Prophète et d’un Messager de Dieu, cela sous-entendait que le Christianisme ne serait plus cette religion triomphante qui a trôné durant des siècles sur le monde et qu’elle aurait à se confronter désormais à un nouvel enseignement,  situation qui ne se justifie que dans la  mesure où cette religion, aurait perdue de son authenticité.
Comme l’événement prédit aurait été dangereux pour l’Eglise, puisqu’il supposerait  sinon sa disparition, du moins son éviction de la direction des affaires planétaires, les intéressés ont  introduit la notion d'Esprit-Saint dans l'Evangile de Jean.  Une hypothèse qui expliquerait que le Paraklêtos ne soit pas mentionné dans les trois premiers Evangiles et qu'il réapparaisse sous la forme d'un « Esprit » dans le dernier. Or un esprit est autant évanescent que malléable pour ceux qui l’utilisent. L’exemple du Saint-Esprit qui faisait et défaisait selon les intérêts de l’Eglise en est un exemple parfait. Jamais il n’est venu contredire une décision pontificale ou conciliaire. Par contre, il était toujours disponible pour approuver et confirmer, ce qui donnait un poids considérable à l’autorité qui l’utilisait, évidemment à bon escient. Pourquoi se compliquer la tâche en affrontant un homme, qui pouvait tout remettre en cause tandis que l’esprit ne faisait rien d’autre qu’acquiescer ? Cela aurait été du plus mauvais goût alors que l’Eglise chrétienne avait un penchant marqué pour le raffinement,   la distinction et la glorification.
Certains commentateurs ont contesté le sens du mot  « Paraklêtos ». Ils avancent qu'il s'agit d'une déformation de « Periklytos », lequel signifiait à l'origine « digne d'être loué ». Précisément, le nom du Prophète Mohammed correspond en arabe à l’expression « digne d'éloges,  comblé, digne d'être loué. » D'autres attestent que le mot utilisé est « Periklutos » qui veut dire « glorieux »
Les spécialistes prétendent qu’un Esprit, fut-il saint ne saurait s'accorder avec les Evangiles. Ils notent l'utilisation de formules telles : « Il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu'il aura entendu» La faculté d'entendre, de parler ... relève de la constitution d'un être doté de fonctions organiques,  ce qui est incompatibles avec un esprit qui est par définition, une émanation incorporelle. D'où la conclusion que la notion d'Esprit-Saint,  a été introduite après coup. Ils soulignent qu'il existe une étrange coïncidence et une évidente relation entre l'affirmation de l'Evangile qui précise que « le Paraclet ne parlera pas de sa propre initiative, qu'il rapportera ce qu'il aura entendu... » et la position du Coran selon laquelle « le Prophète Mohammed ne parle pas sous l'emprise de son inspiration, mais ne fait que dévoiler les révélations qui lui sont communiquées. » (Coran 53. 3 à 5).
La juxtaposition des citations coraniques et évangélique, leur concordance évidente ainsi que la forte possibilité que le Paraclet soit un être humain sont des arguments qui renforcent la position des exégètes musulmans. Il est d’ailleurs impossible de garantir que le mot Paraklêtos désigne l'Esprit Saint, à l'exclusion de toute autre interprétation. La traduction de l'araméen vers le grec, puis une tradition orale véhiculée pendant plus d'un siècle n'ont pu s'effectuer,  sans quelques anicroches et sans tordre le sens d’un mot qui déjà donnait lieu à des interprétations différentes. Le restreindre uniquement pour satisfaire la partie qui l’ulisait à son avantage, dénote un parti pris de mauvais aloi. De plus, ainsi que le constate Angelo Alberti dans son livre intitulé : « Le Message des Evangiles » : Il existe dans le grec de la Bible (un peu sémitisant), des mots qui, traduits de façon littérale, prendraient une signification différente de celle qu'ils avaient à l'origine. Par exemple, le mot « justice » a dans le grec de la Bible quatre significations : Justice (vertu par laquelle on donne à chacun son dû ;  religion (vertu qui fait croire en Dieu et travailler à Sa Gloire ;  vertu (observance parfaite des commandements), sainteté (état de perfection particulière aux yeux de Dieu). Dans la langue courante en revanche, le mot « justice » n'a que le premier de ces sens. Il est donc nécessaire de choisir entre ces quatre significations celle qui est la mieux adaptée au texte. »
Ainsi, un mot comme « Paraklêtos »,  à fortiori lorsque  son origine exacte, ne peut être établie, est en mesure de se prêter lui aussi à des explications diverses, dont le sens est parfois opposé. Le cantonner au seul Esprit-Saint, limite la portée du texte et dénature son contenu. C’est à  se demander à juste titre si le choix d'un esprit à la place d'un homme, est à ce point important pour justifier l'intérêt porté à ce sujet et la bataille philologique engagée, pour en retirer les dividendes. La réponse se trouve contenue tout aussi bien dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, mais également dans le Coran. La voici :
En règle générale, un Elu est envoyé à une communauté (ou à l'ensemble des êtres humains, comme ce fut le cas du prophète Mohammed), lorsque celle-ci délaisse les pratiques sacrées, dévie de ses objectifs et renie ou déforme l'enseignement religieux qui constitue son capital spirituel le plus précieux. Tous les Prophètes ont eu pour mission de rappeler les commandements antérieurs, de guider les hommes selon les préceptes immuables quant à leur fond et d'avertir les récalcitrants des conséquences de leur égarement, tout en révélant un Message nouveau, épuré et authentique. Nul ne saurait concevoir qu'un Prophète soit délégué auprès d'une communauté, qui appliquerait  les préceptes divins, s’en tenant aux Textes Sacrés officiels et authentiques,   puisqu’il ne saurait annoncer aucune prescription qui ne soit déjà observée, ni aucun ordre nouveau,  car la spiritualité ne saurait évoluer avec le temps et reste immuable dans le fond ; aussi sa mission ne présenterait aucune utilité et n’aurait pas sa raison d’être.
 Les responsables chrétiens étaient parfaitement sensibles à ce raisonnement, qui découle de la logique.  L'annonce d'un nouveau Prophète signifierait que leur propre religion allait être appelée à perdre sa pureté et qu'elle aurait besoin d’être remaniée par de nouveaux textes, évidemment plus authentique et plus en rapport avec la véritable spiritualité. Cette démarche est conforme à une tradition qui remonte à Noé et même à Adam. Toutes les déviations en matière de dogme furent contrées par des Prophètes qui se sont succédé dans le temps, qui ont été envoyés afin de préserver la pureté du Message divin.
La religion chrétienne, à la différence du Judaïsme, se sentait une vocation planétaire et commençait à se disséminer à travers de nombreux pays qui ignoraient tout du monothéisme. Ces pays possédaient néanmoins un rayonnement civilisationnel considérable, faisant d’eux, l’élite d’un monde en pleine mutation.  Pour répondre à une expansion rapide et contrôler ces vastes ensembles, des structures complexes mais efficientes furent mises en place. Elles devaient évoluer pour donner naissance à l'imposante Eglise avec son redoutable clergé,  qui allait  régenter l'Europe et le bassin méditerranéen. Dans un tel contexte, la nouvelle de l'avènement d'un Prophète, qui sortait du moule judéo-chrétien, était vraiment inopportune. Les graves implications qui en découleraient pouvaient se répercuter doublement :
Premièrement, au niveau de la crédibilité religieuse et ses effets sur les masses. Il n’était pas envisageable de convaincre les populations de la supériorité et de la pérennité du Christianisme, si parallèlement,  l’Eglise agréait l'hypothèse de la venue d'un nouveau Prophète, dont le rôle aurait été précisément, de dénoncer les déviations de cette religion.
Deuxièmement ; au niveau des structures de l'Eglise. L'Ancien Testament enseigne que les Prophètes bibliques se sont souvent plaints des prêtres, des supérieurs religieux et des docteurs de la Loi pour leur comportement néfaste qui fut à l'origine de la déformation du Message divin. Les exemples sont nombreux et significatifs. Voici quelques cas afin d'illustrer ces propos :
Dans les livres des Prophètes, Jérémie rapporte l'indignation de Dieu contre les faux prophètes et les prêtres : «  Prophètes et prêtres sont des crapules. Les traces de leurs méfaits se retrouvent jusque dans mon temple. Ils commettent l'adultère, vivent dans le mensonge et encouragent les malfaiteurs. Ils empêchent les autres de renoncer à mal agir, ils m'apparaissent tous comme des gens de Sodome. » (Jérémie 13)
Une autre déclaration de Dieu au Prophète Osée : «…Je suis en procès contre toi grand prêtre. Je réduirai ta propre mère au silence éternel. Mon peuple succombe à force de m'ignorer, mais toi déjà tu te détournais ... Je ne veux plus de toi ... Tu as oublié l'enseignement de ton Dieu. Tous les prêtres ont d'ailleurs dévié de la ligne que je leur avais tracée. Ils n'ont qu'un souhait, que mon peuple devienne coupable... Mais je les punirai de leur conduite, Je leur ferai subir la peine pour le mal qu'ils ont commis... » (Osée 4).
De nouveau Dieu interpelle le Prophète Malachie : « C'est aux prêtres qu'il appartient de faire connaître Dieu aux hommes. C'est lui qu'ils viennent consulter au sujet des règles à observer, car il est le porte-parole du Seigneur de l'univers. Mais vous les prêtres, vous avez trahi cette mission. Vous avez égaré beaucoup de gens par votre enseignement, vous avez rompu mon alliance avec vous, Je l'atteste, Moi, le Seigneur de l'univers... » (Malachie 2).
Ces quelques exemples puisés dans une mer d'indignations, de rancœurs et de condamnations, donnent une idée du comportement des prêtres qui étaient chargés de diriger les fidèles dans la voie de Dieu. Ceux qui ont mis en forme le Nouveau Testament ne pouvaient ignorer la tendance des docteurs de la Loi  et des prêtres à dénaturer les fondements de la religion, ni méconnaître qu'un des objectifs des Prophètes, en dehors de la propagation de la foi, était de fustiger ces derniers pour leur propension à s'écarter du Message divin. Assimiler dans un tel contexte,  Paraclet   à un être humain,  surtout à un Prophète quel qu'il soit, c'était courir le risque de le voir se dresser un jour contre l'ordre établi par l'Eglise, ou ce qui allait lui donner naissance.
Le Paraclet/Prophète se serait élevé contre les innovations et les déformations dangereuses qui ont été la cause de multiples schismes au sein de l'Eglise. Il aurait dépouillé la religion des artifices dont elle se serait accoutrée pour mieux dissimuler ses contradictions. Le clergé qui acquit une si redoutable  influence et une toute-puissance absolue, devait parer à toutes les actions qui se manifesteraient en vue de porter atteinte à son pouvoir et à ses  prérogatives. Le contexte ne se prêtait nullement à l'apparition d'un Paraclet/ Prophète destiné à remettre en cause les dogmes essentiels de la religion chrétienne, à procéder au démantèlement des structures de l'Eglise et à révéler un nouveau message en vue de réformer l'enseignement évangélique.
Parce qu'il était extérieur au pouvoir en place, il pouvait s'exprimer librement; aussi personne ne devait se  risquer à lui offrir une telle  opportunité, ni à reconnaître son apostolat sans compromettre sa situation et  celle de l'Eglise, ainsi que le rôle prépondérant de celle-ci à travers le monde. Pour toutes ces raisons, il n'était pas question que « Celui qui allait venir » soit un homme et qui plus est un Prophète qui allait révéler un enseignement différent !  Hors de question, l’Eglise jouait sa propre survie. Elle lui préférait de loin un « Esprit »,  qui avait l'avantage de parler par la bouche des apôtres, des disciples et des prêtres et de prononcer des paroles officielles et de bon aloi, destinées à défendre l'ordre établi, à renforcer les privilèges et à légitimer la volonté de l'appareil en place. Qu'allait-on donc chercher si loin et de si dangereux, alors que l’Eglise disposait d'un grand défenseur et d'un habile avocat ?  Celui-ci allait justifier de fait tous les espoirs placés en lui.
 Selon le Livre des Actes : « Il se manifesta le jour de la Pentecôte sous forme de langues de feu qui descendirent sur les douze apôtres. Aussitôt, ils se mirent à parler des langues qu'ils ne connaissaient pas. La foule était remplie d'admiration et d'étonnement. Les uns disaient : Qu'est-ce que cela signifie ? Les autres s'esclaffaient en disant : Ils sont complètement ivres Alors Pierre se leva et leur fit remarquer qu'il n'était que neuf heures du matin et que ces gens n'avaient pas bu, comme ils le supposaient. Il  ne s'agissait que des prédictions du Prophète Joël qui se réalisaient. »  (Actes des Apôtres. 54. 2.1 à 16).  Il y a toutes les raisons d'être surpris par une telle déclaration qui laisse supposer qu'à des heures plus opportunes, les disciples pouvaient être pris de boisson et divaguer dans leur enseignement.
Les apôtres furent emplis de dons merveilleux. Ils se mirent à réaliser des prodiges (alors que Jésus avait mis en garde contre les faux messies et les faux prophètes, qui après lui, accompliraient des miracles pour égarer les gens et même les élus : Marc 13. 21). Ils guérirent des malades, donnèrent la vue aux aveugles, ressuscitèrent les morts et furent les premiers bâtisseurs d'un immense empire. Leurs dons ne le cédaient en rien à ceux du Fils de Dieu. Pierre et Paul se taillèrent un succès sans précédent dans l'accomplissement de miracles. Ils portèrent la bonne parole, loin de son foyer d'origine. On les retrouve en Grèce, à Malte, en Italie, en Orient… Ils contribuèrent à ancrer la foi chrétienne au coeur des sociétés païennes.
Ce schéma correspond bien à l'orthodoxie chrétienne. Le Paraclet/ Saint-Esprit trouve sa logique dans la mesure où le scénario reste cantonné  aux grandes lignes fixées par l'Eglise. Il n’était pas nécessaire, ni souhaitable,  d’élargir les horizons afin d'avoir une vision plus universelle,  il fallait rester dans ce qui était immédiatement utile et profitable. Car  au-delà, la conception chrétienne perdait de son réalisme. On trouve en effet, pour le moins paradoxal, que tous les Prophètes précédents, bibliques et non bibliques,  avaient prédit la venue d'autres Prophètes bien humains pour leur succéder, et que Jésus ait été le seul Messager, à envisager la venue d’un esprit pour prendre sa suite.
Les exemples ne manquent pas dans la Bible : Sem avait succédé à Noé, Isaac à Abraham, Jacob à Isaac, Joseph et ses frères à Jacob, Aaron conjointement avec Moïse, ou encore David à Saül, Salomon à David etc. Alors pourquoi Jésus qui ne s'est jamais considéré comme le dernier des Messagers, quoi qu'en disent certains spécialistes qui étaient instruits surtout à brouiller les pistes, aurait-il laissé entrevoir l'arrivée d'un esprit plutôt que celle d'un homme ?  Le Christ était-il décalé par rapport aux pratiques du genre humain ? Cela n’est guère envisageable. Il aurait été plus normal de voir un homme succéder à un homme, et un esprit hériter d'un autre esprit. Mais, ce un chassé-croisé étonnant entre un homme et un esprit,  constitue une situation absolument inconnue depuis la création d’Adam et  l’apparition de l’humanité.  Hormis la position de l'Eglise destinée à renforcer son pouvoir et à éliminer d’avance d'éventuels opposants, rien ne permet de justifier l'apparition d'un esprit dans la conduite des affaires humaines.
Le Coran, à son avènement, avait dénoncé ces contradictions surprenantes. Aux incrédules qui demandaient au Prophète Mohammed d'accomplir des miracles, le Livre Sacré répond : «Dis-leur (C'est Dieu qui parle) : « Gloire à mon Seigneur, suis-je autre chose qu'un homme envoyé par Dieu comme Prophète ?  Qu'est-ce qui a empêché les hommes de croire quand la bonne voie leur a été indiquée ? Est-ce concevable, ont-ils répondu, que Dieu ait envoyé un homme pour le représenter ? Dis : S'il y avait sur terre des anges marchant avec sérénité, Nous leur aurions envoyé du ciel un ange comme Prophète. Allah suffit somme témoin entre vous et moi… » (Coran 17. 93 à 96). Il est parfaitement normal d'établir une classification  non seulement fonctionnelle, mais aussi organique entre les hommes et les esprits. Chacune de ces catégories trouvant en son sein des ressources propres à se régénérer et à prospérer. Il ne saurait exister de croisement spiritualo/humain.
 Il faut d'ailleurs reconnaître que même chez les Chrétiens, l'unanimité était loin de se réaliser autour de l'argument officiel du Paraclet/Saint-Esprit. Le cas de Montan (Montanus, IIème siècle) est édifiant. Ce dernier se disant prophète d'une secte chrétienne (Montanisme) professait la supériorité de la révélation sur l'enseignement de la hiérarchie ecclésiastique et préconisait le renoncement au monde. De plus, il prétendait être la voix de l'Esprit Saint annoncé par Jésus pour combattre les écarts de l'enseignement chrétien et compléter le Message évangélique. Son mouvement que l'Eglise assimila à une hérésie connut néanmoins une grande popularité. Il se répandit rapidement en Phrygie (Asie Mineure) et vit l'adhésion de Tertullien, illustre apologiste et premier écrivain chrétien de langue latine (155 à 222 après J.-C.).
Un siècle plus tard, un autre personnage célèbre, Mani (Manès) fonda à son tour une religion, le manichéisme. Son auteur se présentait lui aussi comme étant le Paraclet annoncé par Jésus, le dernier des Prophètes. Il acquit des succès rapides au point d'inquiéter l'Eglise jusqu'au Moyen Age. Une des sectes, (les Cathares) s'implanta en Europe et s'assura une grande notoriété au détriment du mouvement catholique. Si Mani fut crucifié (276-277), il n'en demeure pas moins que son parti lui survécut pendant plus de mille ans. II est indéniable qu'il ne pouvait être le Paraclet prédit par le Messie. Sa religion s'est effilochée, lui-même a été exécuté et les apparences ne plaident pas pour son authenticité.
Il serait malvenu du reste,  de croire  que l'ultime Prophète aurait pu quitter la scène humaine sans imprimer d’une façon indélébile, la marque de sa mission pleinement réussie. Ainsi que l'a fait Mohammed, le Sceau des Prophètes, que le salut et la bénédiction d’Allah, soient sur lui ; sans quoi  les gens démunis de raison  auraient été tentés de croire à l'échec de la dernière révélation divine et un tel sentiment était incompatible avec la réalité, car il aurait supposé une dévalorisation de la Parole de Dieu et une déliquescence de Son Pouvoir. Puisque son ultime Enseignement à destination de l’humanité se serait heurté à un échec patent,  dû à l’opposition de ses contradicteurs. Evidemment et naturellement, il ne pouvait en être ainsi. Quand toutes les forces du monde se seraient liguées, pour faire échouer la mission du Prophète Mohammed, que le Salut et la Bénédiction d’Allah, soient répandues sur lui,  le Message Suprême était destiné  non seulement à se perpétuer jusqu'à la fin des temps, sans altération, à l'image du Coran, mais également à remporter  chaque jour, de nouvelles victoires.
Mani était un fin esprit, plein de ressources et d'imagination. Il était aussi bien peintre, que calligraphe ; il est inventeur de l'écriture manichéenne et auteur de plusieurs livres sacrés. La doctrine qu'il prêchait faisait des emprunts aux philosophies mazdéenne, gnostique, juive, bouddhiste et chrétienne et était présentée comme une nouvelle religion à vocation universelle. Il possédait des qualités intellectuelles éminentes qui lui conférèrent une autorité particulière en matière d'exégèse. Saint Augustin, le plus célèbre des pères de l'Eglise, originaire d’Algérie,  avait lui-même adhéré au manichéisme avant sa conversion au Christianisme, en raison de l'attrait des idées de Mani. Son rejet du Paraclet/Saint Esprit constituait un signe de défiance envers la théorie officielle de l'Eglise, qui espérait la venue du Saint-Esprit, alors que celui-ci a toujours été présent depuis la création de la terre.
Si son mouvement connut un grand succès, cela est dû au fait que son responsable était conscient  que l'avènement du Paraclet humain devait être proche. Son erreur  fatale, aura été de vouloir détourner à son profit le bénéfice rattaché au dernier Prophète, et de s’approprier ses prérogatives, alors qu’il n’allait apparaître effectivement que trois siècles plus tard. En la personne de Mohammed, que le Salut et la Bénédiction d’Allah, soient sur lui, l’ultime Messager, le Sceau des Prophètes, qui allait divulguer le Coran Sacré, inaltérable et universel, témoin de toutes les religions précédentes.
Le Prophète a été le garant de l'authenticité de l'apostolat de Jésus, ainsi qu'il est écrit dans l'Evangile, ce que les Israélites ont toujours nié. L’Evangile  dit : « Quand viendra le Paraclet, il vous conduira dans toute la vérité. » Le Prophète Mohammed était précisément appelé « El Amine » signifiant : « Le digne de confiance, celui qui est loyal, qui respecte la vérité. » Il ne s’agit pas d’un rapprochement troublant comme l'ont estimé certains auteurs, toujours prêts aux demi-vérités, pour espérer s’en tirer à bon compte, mais de la description d'une réalité évidente. Le Christ avait également dit selon les Evangiles : « Quand l'Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans toute la vérité. Il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et il vous annoncera tout ce qui doit arriver. Il relèvera ma gloire, car il recevra de ce qui est à moi. C'est pourquoi j'ai dit qu'il vous communiquera ce qui est à moi. » (Jean 15. 26  et 16. 1 à 15)
Ces paroles ont été prononcées par Jésus, alors qu’il était très proche de sa fin. Pour l’heure, ses disciples ne constituaient qu’une infime minorité, noyée au sein de la communauté  israélite, qui avait en mains tous les leviers de commande, de mèche avec les occupants romains. Le Christ était combattu aussi bien par les religieux  qui voyaient en lui un hérétique dangereux et un apostat, pour avoir fondé une religion qui venait se substituer à la leur, tout en prétendant être le Fils de Dieu, que par les autorités  romaines,  qui l’accusaient de vouloir s’emparer du pouvoir et de devenir le roi des Juifs, ce qui constituait une ingérence  intolérable, dans leurs affaires intérieures.  Il était isolé et lorsqu’il a été arrêté, ses adeptes les plus fidèles,  l’abandonnèrent. Par conséquent, hormis quelques irréductibles, toute la société voyait en lui un blasphémateur,  un hérétique et un assoiffé de pouvoir.  Or, avec la venue de l’Islam, le Coran fit effectivement justice de toutes les fausses accusations proférées contre Jésus, aussi bien par les Juifs, que par les Romains et les incrédules du monde entier.
 De nombreux passages  lui sont consacrés, ainsi qu’à  sa mère, la Vierge Marie. Voici l’un d’eux : Dieu parle au Prophète Mohammed : « (Rappelle-toi) quand les Anges dirent : « Ô Marie, Dieu t’a élue et purifiée, Il t’a choisie de préférence à  toutes les femmes du monde. Ô Marie, obéis à Ton Seigneur, prosterne-toi et incline-toi avec ceux qui s’inclinent. Ce sont là des récits, concernant le mystère que Nous te révélons. Car tu n’étais pas parmi eux,  lorsqu’ils jetaient leurs roseaux, pour décider qui se chargerait de Marie. Tu n’étais pas non plus, parmi eux, lorsqu’ils se disputaient. »
« (Rappelle-toi) quand les Anges dirent : « Ô Marie, Allah t’annonce la bonne nouvelle, d’un Verbe émanant de Lui : Son nom sera « El Massih » (le Messie),  «’ Issâ » (Jésus), fils de Marie, illustre en ce monde et dans la vie future. Il sera du nombre de ceux qui sont proches de Dieu. Il parlera aux gens dès le berceau et en son âge mûr, il sera au nombre des justes ». Elle dit : « Seigneur ! Comment aurais-je un enfant, alors qu’aucun homme ne m’a touchée ? » Il en est ainsi. Dieu crée ce qu’Il veut. Lorsqu’Il a décrété une chose Il dit « Sois ! »….et elle est. »
« Dieu Lui enseignera l’écriture, la sagesse, la Torah et l’Evangile. Il sera le Messager aux enfants d’Israël (et leur dira) : « Je suis venu à vous avec un Signe de la part de votre Seigneur. » Après l’accomplissement des signes, le Coran ajoute : « Me voici, confirmant ce qui existait avant moi de la Torah ; je vous rends licite une partie que ce qui vous était interdit. Je suis venu à vous avec un Signe de la part de votre Seigneur. Craignez donc Allah et obéissez-moi. Allah est mon Seigneur et le vôtre. Adorez-Le, voilà le droit chemin. »  Puis, quand Jésus ressentit de l’incrédulité de leur part, il leur dit : « Qui sont mes auxiliaires dans la voie de Dieu ? » Les apôtres dirent : « Nous sommes les alliés  de Dieu, Nous croyons en Lui ;  sois témoins que nous lui sommes soumis ! Seigneur ! Nous avons cru à ce que Tu as révélé ; Nous avons suivi le Messager, inscrit nous parmi les témoins. »  Les fils d’Israël complotèrent (contre Jésus), Allah fit échouer leur complot, Il connaît le mieux leurs machinations. »
« Rappelle-toi, quand Dieu dit : « Ô Jésus, je vais mettre fin à ta vie terrestre et t’élever vers Moi. Je te délivrerai des incrédules et mettre jusqu’au Jour de la Résurrection, ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui ne croient pas (en toi) ; Puis, c’est vers Moi, que se fera votre retour et Je jugerai entre vous sur vos différends. Quant à ceux qui n’ont pas cru, Je les châtierai d’un terrible châtiment en ce monde et dans la vie future et ils ne trouveront pas de secours. Quant à ceux qui auront cru et fait le bien. Dieu les récompensera et Dieu n’aime pas les injustes. Voilà ce que Nous te récitons des  versets et de la Révélation précise (le Coran). Il en est pour Dieu  de Jésus comme d’Adam, qu’Il créa de poussière. Il lui dit « Sois ! » et il fut. La vérité vient de Ton Seigneur. Ne sois donc pas du nombre des incrédules. » (Coran. 17. 42 à 60).
D’autres versets attestent de la mission prophétique du Christ ainsi que du rôle éminent de la Vierge Marie, la femme la plus parfaite de l’humanité. Les Israélites n’ont pas voulu reconnaître cette vérité à leurs dépens. A l’époque le Judaïsme était la seule religion monothéiste agréée par le Seigneur de l’univers. Mais,  en raison de leur récusation du Christianisme, ils ont été déchus de cette distinction.  Le Coran  atteste ainsi de l’authenticité du Message évangélique, avant son altération et confirme que le Paraclet mentionné par l’Evangile de Jean s’applique bien au Prophète Mohammed, qui devait apparaître après le Christ. Il n’est nullement question du Saint-Esprit, qui a toujours été présent depuis que l’humanité existe et qui n’a pas besoin d’exiger la disparition du Christ, pour se manifester. Une prétention pour le moins déplacée.
Par ailleurs, il est reconnu que le Saint-Esprit occupe auprès du Seigneur de l’univers une place privilégiée qui le place au-dessus de tous les Prophètes et de tous les Messagers. Ceci est valable, tant pour la religion juive, que pour le Christianisme et l’Islam. Bien que pour la religion chrétienne, l’importance de l’un et de l’autre ont été estimés selon des critères propres à cette religion ; puisque le Christ a été élevé à un rang divin, devenant de ce fait, l’égal du Saint-Esprit, mais aussi de Dieu, le Père éternel, au sein de la Trinité. Cependant,   quels que soient les particularismes spécifiques à une croyance, le Saint-Esprit, reste dominant et supérieur aux créatures terrestres, dont naturellement, Jésus, sans compter sa mère, la Vierge Marie.
Ceci acquis, il devient pour le moins aberrant  pour le Christ de prendre l’engagement d’envoyer après sa disparition quelqu’un qui est plus élevé que lui en grade, en distinction et en honneur. Jamais un ministre, un préfet ou un maire ne songerait à dire à son auditoire : « Je vous enverrais le Président de la République ou le Secrétaire Général de l’ONU. Cela constitue un manque de tact et une grave entorse au protocole.  Comment Jésus pouvait-il envoyer quelqu’un qui  est plus haut placé dans la hiérarchie céleste et qui a été l’instrument de Dieu, dans l’émergence même  et la promotion de la religion chrétienne, de la Vierge Marie, du Christ  et de toutes les religions divines ? En fait, il ne pouvait se permettre de commettre un tel impair. Aussi, celui qui viendrait après lui ne pouvait être qu’un être humain, un Elu de Dieu et un Messager, à l’image du Prophète Mohammed. Le Christ parlait d’un être, qui était son alter ego, son égal auprès de Dieu, et là, les conventions sont parfaitement respectées. L’histoire n’allait pas manquer de confirmer cette version. Puisque c’est bien le Prophète Mohammed, qui apparut pour prendre la suite du Christianisme, mais aussi pour procéder à sa refondation, en raison de l’altération de cet enseignement, par certains apôtres, les docteurs de la loi et les prêtres.
Le Prophète Mohammed, que le Salut et la Bénédiction d’Allah soient sur lui, a toujours eu une grande considération pour le Christ, qui a été victime d’une conspiration à grande échelle, pour  l’éliminer. Il a été fidèle à Dieu et à la mission qui lui a été confiée. Il est resté stoïque dans l’adversité, patient, usant d’une sagesse infinie et exécrait la gloriole et les richesses du monde. Il savait se détacher du monde pour atteindre la plénitude spirituelle. Selon un  Hadith rapporté par ‘Obada, le Prophète Mohammed a dit : « Celui qui attestera qu’il n’y a pas de dieu en dehors de Dieu, qui reconnaîtra que Dieu est Unique et qu’Il n’a pas d’associé et que Mohammed est son adorateur et son Envoyé, que ‘Issâ (Jésus) est l’adorateur de Dieu et son Envoyé, Sa Parole qu’Il envoya à  Meriem (Marie), et un souffle (de vie) émanant de Lui,  (Coran. 4. 71), que le Paradis est une réalité, que l’enfer est une réalité, Dieu le fera entrer au Paradis, quelles que soient ses actions passées. »
Selon Abou Horaïra, le Prophète avait dit encore : « De tous les hommes, je suis le plus proche de Jésus, fils de Marie, aussi bien dans ce monde que dans l’autre. Les Prophètes sont des frères aux mères différentes, mais dont la religion est unique. » Il avait également dit : « Il n’y a pas de Prophète entre Jésus et moi. » Ainsi tout concourt, pour que le paraclet soit un homme et non un esprit, l’Esprit-Saint, en l’occurrence. Malgré tout, la littérature chrétienne utilise des arguments dérisoires pour plaider en faveur du Paraclet/Saint-Esprit. Dans son « Histoire de l'Eglise »,  J. Lortz écrit que « les événements importants de la vie des apôtres furent la résurrection de Jésus (Seigneur) et la descente du Saint-Esprit (Paraclet). De pécheurs ignorants et timides qu'ils étaient auparavant, les apôtres devinrent alors confesseurs et martyrs. On est obligé de constater, observe-t-il, le changement essentiel qui se produisit chez eux alors. Cinquante jours après la Passion, le jour de la Pentecôte, ils annonçaient devant les représentants de toutes les régions du Judaïsme la nouvelle religion. Et avec quelle autorité ! »
 Selon le Nouveau Testament au contraire, une partie de l'assemblée pensait qu'ils étaient pris de boisson, tellement ils divaguaient dans leurs propos. En matière d'autorité, leur « assurance » résulte moins de la venue du Saint-Esprit que des lois de la sélection naturelle qui régissent le monde aussi bien humain qu’animal. Les spécialistes de l'éthologie (ou science du comportement animal) savent parfaitement que la disparition d'un chef dans une société ou une communauté, entraîne automatiquement l'émergence de nouveaux leaders dont les facultés vont exploser afin de combler le vide créé. Personne n'a jamais vu de communautés (humaines ou animales) demeurer sans tête à la suite de l'effacement de ses dirigeants sous risque de dégénérer et de disparaître. C'est là un phénomène bien étudié et  connu qui ne doit rien au Saint-Esprit. De la même façon,  la théorie d’un Saint-Esprit incarné  sous forme de langues de feu, et accomplissant  des miracles, tels  l'apprentissage surnaturel de langues étrangères, ou la résurrection des morts relève plus de la galéjade que de la réalité. Tout ceci est la conséquence de l'imagination populaire attribuant des pouvoirs miraculeux aux disciples qui avaient été en contact avec Jésus. Seul ce dernier a été en mesure de produire des Signes prodigieux, par la volonté de Dieu, et afin de confondre les Israélites qui ne croyaient pas à son Message. Aucun homme après Jésus, quel que soit son rang, n'a pu accomplir le moindre miracle.
 Que des artifices aient été utilisés par des experts à l'exemple des magiciens qui officiaient pour le compte de Pharaon, ne laisse planer aucun doute. Mais cela n'autorise pas les « successeurs » du Christ à se prévaloir de dons qu'ils ne possédaient pas, ni les prêtres à attribuer au Saint-Esprit des pouvoirs exorbitants  et surtout qui dérogent à la raison. La mission sacrée de Jésus prit fin avec lui et alors débuta la vocation humaine des apôtres dépouillée de ses pouvoirs mystérieux. Il n'est pas superflu de signaler dans le même ordre d'idée, que de faux visionnaires ont effectivement surgi en Arabie, à la suite du Prophète Mohammed, se targuant de recevoir des Révélations divines et d’exécuter des prodiges. Après quelques succès dus à l'abandon des obligations religieuses qu'ils préconisaient, et à la pratique d'une liberté sexuelle licencieuse, ils furent démasqués et éliminés pour prix de leur hérésie.
 Quant au Prophète Mohammed, et selon une tradition établie par les précédents Messagers, il révéla durant son apostolat l'ultime Livre Sacré d'origine divine qui allait changer la face du monde. En effet, à la différence des autres religions qui faisaient appel au surnaturel et à la crédulité des gens, le Coran est venu avant tout solliciter la raison et l'intelligence. Et le plus grand miracle accompli par le Prophète fut celui de révéler le Coran Sacré, Sublime et Inimitable. C’est une évolution significative des mentalités, dont peut se targuer l'Islam et qui fait que cette religion prime sur toutes les autres formes de croyance.

MOHAMMED LE PROPHETE DE DIEU
 « Nous t'avons envoyé (ô Mohammed) avec la vérité, comme annonciateur et avertisseur…S’ils (les incrédules) te traitent d’imposteur, ceux qui vécurent  avant eux ont crié au mensonge quand leurs Prophètes, vinrent à eux avec des preuves évidentes, les Ecritures et le Livre Lumineux. » (Coran 35. 24. 25).
«  Ô gens du Livre ! Notre Messager (Mohammed), est venu pour vous instruire sur la cessation des Messagers (de Dieu), afin que vous ne puissiez pas dire : « Il ne nous est venu ni Annonciateur ni Avertisseur. » Voilà (maintenant) qu’un Annonciateur et un Avertisseur est venu à vous. Et Allah est Omnipotent. » (Coran. 5. 19)
C'est en l'an 570 de l'ère chrétienne, le lundi 12ème  jour du mois de Rabi' el Aouel que naquit à La Mecque, Mohammed, le futur Prophète de l'Islam, que le Salut et la Bénédiction de Dieu soit sur lui, qui est connu, notamment dans la langue française sous le nom de Mahomet. La déformation de son nom, constitue la première des nombreuses altérations, qui allaient marquer l'histoire de l'Islam et de son Messager. De fait, alors qu'en Arabe, langue dans laquelle a été révélé le Coran, Mohammed signifie « Le loué, le béni, ou le digne de louanges »,  les Occidentaux allaient corrompre ce nom et le transformer en Mahomet (ma hommid) signifiant exactement le contraire (celui qui n'est pas béni) ou encore en « Mahound », prince des ténèbres, autre nom de Satan.
La date de naissance est un autre sujet controversé par les adversaires de l'Islam, qui sous couvert des raisons les plus diverses récusent ce qui est considéré comme une certitude absolue par les historiens, les biographes et les hagiographes. En effet, il existe plusieurs repères indiscutables et irréfutables pour fixer cette date, qui est restée gravée dans la mémoire de tous les Mecquois.  Le premier d’entre eux est celui qui vit Abraha, le gouverneur abyssin du Yémen essayer de s'emparer du sanctuaire de la Ka’aba pour le détruire. L'expédition d'Abraha comprenait un (ou plusieurs) éléphant,  animal inconnu alors en Arabie, qui impressionna fortement les habitants. L’événement était considérable et  d’une telle portée,  que l'année de l'invasion fut appelée « Année de l'éléphant ». La tradition de l’époque imposait de débuter le calendrier à compter d'un fait extraordinaire, marquant,  hors du commun et la vue de l'éléphant était destinée à commémorer le souvenir de l'invasion. Les jours et les mois partaient de cette date. Lorsqu'un autre événement important survenait, le calcul reprenait à nouveau, pour fixer un bouveau calendrier. Cela a été le cas lors de la reconstruction du Temple de la Ka’aba. Aussi, la naissance du Prophète cette année précisément, ne pouvait ni passer inaperçue, ni être effacée des mémoires. Un jour à marquer d’une pierre ; qu’elle soit blanche ou noire, l’essentiel était de ne pas passer inaperçue. Son souvenir restera vivace.
 Le sanctuaire  de la Ka’aba qui avait été édifié par le Prophète Ibrahim (Abraham) avec l'aide de son fils Ismaël, l'ancêtre des Arabes, 25 siècles auparavant, était souvent inondé par les orages qui s’abattaient dans la région. Les Mecquois décidèrent de surélever les fondations de l’édifice,  afin d'empêcher l'eau d'y pénétrer. Les travaux exigeaient sa démolition partielle, mais  en raison de la sacralité du lieu, personne n'osait porter la main, craignant la colère divine. Après cinq jours d'expectatives et de conciliabules, on désigna le plus âgé des Qoraïchites, un nommé Walid ibn Moghaïra, de la tribu des Béni Makhzoun, pour porter le premier coup. Celui-ci prit une pioche, prononça des invocations rituelles pour écarter tout danger et commença à détruire le mur. L'émotion était intense dans la foule ; les gens s’attendaient au pire, craignant un coup du sort. Mais rien ne se produit.  Le soir, Walid retourna chez lui. Les hommes s'en furent aussi. Ils voulaient savoir s'il allait se passer quelque chose pendant la nuit, un mal quelconque qui s’abattrait sur l’insensé, pour le punir de son audace. Cependant, la nuit fut calme et sereine. Le lendemain Walid reprit tranquillement son travail. Alors les autres habitants se joignirent à lui, en pensant que Dieu ne pouvait se fâcher contre ceux  qui reconstruisaient Sa Maison, pour la sauver des inondations.
La démolition fut achevée jusqu'au ras du sol et la plate-forme surélevée, conformément au plan établi. Pour les Mecquois, il s'agissait d'une nouvelle date marquante dans la vie de leur cité. En conséquence, ils délaissèrent leur ancien calendrier, basé sur Abraha et l’éléphant, pour adopter un comput centré sur la reconstruction du Temple Sacré de la Kaâba. Les autres Arabes idolâtres de la péninsule, qui n’étaient pas concernés par  cette opération de sauvetage, continuèrent à prendre l'année de l'éléphant comme base de leurs calculs calendaires.
          L'aménagement intérieur de la Kaâba souleva un problème de prééminence entre les quatre  principales tribus  de la région, qui voulaient s'attribuer le privilège de replacer la Pierre noire (d’origine météoritique) dans sa niche, puisqu’elle avait été déplacée pour les travaux. Chaque chef revendiquait le privilège de réaliser cette opération symbolique, mais combien prestigieuse,   mettant en relief les mérites de son clan. Cependant, les débats finirent sans qu’aucune décision ne soit prise, car aucune tribu ne pouvait  s’en sortir à son avantage en éclipsant les autres. C'est encore Walid ibn Moghaïra qui proposa de confier l'arbitrage au premier homme qui se présenterait devant le Temple Sacré. La proposition fut acceptée, car il était d'usage à l’époque, de confier au sort le soin de régler les affaires délicates ou litigieuses.
L'homme sur qui allait échoir ce privilège redoutable,  fut Mohammed, qui passait par là;  il n’était encore qu’un simple citoyen de La Mecque connu de tous, car la cité n’était pas importante, et ce bien avant l’avènement de l’Islam. Informé de la situation, il accepta d'apporter son concours ; il  était alors âgé de trente-cinq ans.  Après réflexion, il prit son manteau,  l’étendit  sur le sol, posa la Pierre noire dessus et enjoignit  aux délégués des quatre tribus de soulever chacun un pan et de porter la charge à l'endroit prévu. Puis il l'installa lui-même à sa place définitive où elle se trouve encore aujourd’hui. Le problème fut réglé à la satisfaction générale.
Les événements majeurs tels que l'attaque d'Abraha contre La Mecque et la reconstruction de la Kaâba constituent indéniablement des repères historiques de première importance et de nombreuses sources confirment leur déroulement précis et leur concordance dans le temps. Il existe en outre d'autres faits historiques qui touchent directement à la vie propre de Mohammed. C'est ainsi que lors de l'expédition de l'éléphant, ce fut Abd el Mouttalib, son grand-père paternel qui négocia avec Abraha le retrait des troupes. Par ailleurs, au cours de la même année, devait décéder 'Abdallah Ibn Abd et Mouttalib, le père du futur Prophète,  quelques semaines seulement avant la naissance de l’enfant et  ce fut précisément son grand-père, qui le prit en charge. Tant d'événements survenus au cours d'une même année doivent laisser incontestablement des marques profondes. D'autant que nombre d'entre eux appartiennent à l'histoire du peuple d'Arabie et sont cités par les chroniqueurs avec toutes les garanties d'authenticité
Aussi, il y a de quoi être étonné de voir dans certains ouvrages, tels ceux édités par la Librairie Larousse, la date de naissance du futur Prophète de l’Islam,  vagabonder de 570 à 580 de l'ère chrétienne. Dix années d’indécision erratique pour introduire la suspicion nécessaire et tenter de détruire l’historicité de la religion musulmane. Mais, la procédure est courante, et les intéressés, entendre les Musulmans, sont habitués à ce genre de soupçons et de dérives qui entachent tous les travaux des orientalistes en mal de célébrité, aussi s’il n’y a pas de quoi s’arracher les cheveux. Il s’agit juste de dénoncer autant que peut se faire, une pratique qui pour être courante, n’en n’est pas moins peu élégante. Le record en la matière semble appartenir à Maxime Rodinson, connu pour ses études et ses recherches saugrenues sur l’Islam.
Dans son livre intitulé « Mahomet », un des derniers monuments en matière de supercherie, puisque d’autres l’avaient précédé, usant du même style dilatoire,  l'auteur laisse courir la date de 567 à 579 de l’ère chrétienne. Le chapitre 3, intitulé opportunément « Naissance d'un prophète »,  débute d'ailleurs ainsi : « Personne ne sait au juste quand est né Mahomet... » Ce qui promettait quant à la suite du texte,  tout en démontrant  la bonne foi dont se revendique son auteur.
Le but recherché étant évidemment celui de jeter le doute et le discrédit dans les esprits des lecteurs, quant à l'authenticité des sources historiques relatives à l'Islam et au Messager de Dieu. D’autant, que ces incertitudes sont destinées à un public, généralement acquis aux thèses d’une religion conçue de toutes pièces par un manipulateur, aussi, ils ne demandaient rien de plus que d’avaler des couleuvres, qui étaient particulièrement à leur goût. Pourtant que de preuves tangibles sollicitent l'attention et la raison. Les maisons habitées par le Prophète, les places qu'il a fréquentées, les mosquées dans lesquelles il a prié et prêché, les lieux où il a vaillamment défendu la nouvelle religion contre ses ennemis idolâtres existent toujours et témoignent d'une vérité qui ne pourra plus jamais disparaître. Et de ce qui est plus illustre et plus éminent, il subsistera pour l’éternité, des Signes impérissables à la Gloire du Seigneur de l'univers, à l’image du  Saint Coran, de la Maison Sacrée de la Kaâba, de la Religion musulmane,  et d’autres  traces impérissables.
Pour revenir à Mohammed, son père étant mort à Yathrib (Médine), c'est son grand-père 'Abd el Mouttalib qui le prit en charge à sa naissance, ainsi que  sa mère, Amina bint Wahb. Abd et Mouttalib était le chef de la tribu des Béni Hachem et l'un des dix membres de l'oligarchie mecquoise. C'était un homme de caractère, possédant une grande taille, un teint blond et une belle barbe. Il était aimé et respecté par ses concitoyens pour ses qualités de coeur. Aussi, lorsque son fils Abdallah fut emporté par la mort, il reporta toute son affection sur Mohammed, son petit-fils.
 Il était de tradition à l'époque, pour les familles aisées de La Mecque, de confier les jeunes enfants aux femmes de la tribu des Béni Saâd, afin de les élever. Leur campement se trouvait à deux journées de marche de la ville sainte, dans les montagnes du désert où les enfants trouvaient un climat sain pour grandir et se fortifier. De plus, les Béni Saâd étaient connus pour pratiquer la langue la plus pure de toute l'Arabie. A quatre mois, Mohammed fut confié à une nourrice de condition modeste nommée Halima bint Abou Douwaîb, qui avait déjà quatre enfants et désirait améliorer sa situation. L'enfant grandit jusqu'à l'âge de deux ans où il fut sevré. Mais contrairement à l'usage, il ne réintégra pas sa famille. Sa santé était délicate, il souffrait du changement chaque fois qu'il revenait à La Mecque. De plus, la nourrice s'était attachée à lui. Elle demanda l'autorisation de prolonger la garde une année de plus, et sa mère ne le reprit qu'à trois ans.  Lorsqu’il eut cinq ans,  sa mère  décida  de l’emmener avec elle à Yathrib pour  revoir ses parents et visiter la tombe de son mari.
La mère et le fils passèrent une année entière dans cette ville. Sur le chemin du retour un drame allait se dérouler qui affecta profondément Mohammed qui portait tout juste ses six ans. En arrivant à une station appelée Al Ab¬wa,   Amina tomba malade et mourut malgré son jeune âge. Le petit garçon était brisé par le chagrin car il aimait tendrement sa mère auprès de laquelle il venait souvent se réfugier et trouver le réconfort que tout enfant recherche auprès de sa mère. C'est dans cet état  de tristesse et de désespoir, qu'il fut ramené chez son grand-père, à La Mecque. Plus tard, toutes les fois qu'il passait par Al Abwa, le Prophète s'arrêtait près du tombeau, faisait des invocations et versait des larmes.
L'affection d’Abd et Mouttalib pour son petit-fils, privé de ses deux parents était très grande. On rapporte qu'il le faisait asseoir tout jeune, près de lui lors des réunions périodiques des chefs mecquois et qu'il ne voulait jamais manger sans l'avoir à ses côtés. Mohammed rendait bien cet amour à son grand-père qui  était désormais tout son univers et remplaçait sa véritable famille. Cependant, deux ans plus tard, Abd el Mouttalib disparut à son tour. A nouveau, Mohammed se retrouva seul au monde. Son attachement au défunt était si grand qu'il gémissait de douleur en suivant le cortège.
Avant de mourir Abd et Mouttalib avait recommandé à un de ses fils, Abou Talib, de prendre soin du garçon. Le nouveau tuteur possédait aussi de grandes qualités de coeur, mais son excès de générosité ne lui permettait pas toujours d'équilibrer le budget familial et il avait souvent recours aux emprunts. Le jeune Mohammed aurait trouvé de bonnes dispositions auprès de son oncle et de sa femme. Lorsque plus tard, on lui demanda pourquoi il avait ressenti si douloureusement la mort de celle-ci, il répondit : « J'étais orphelin et elle m'a accueilli. Alors que ses enfants étaient dans la gêne, elle me donnait à manger, elle me peignait avant tout le monde, elle était une véritable mère pour moi. »
Le jeune garçon savait se rendre utile. Afin que sa charge soit plus supportable, il travailla comme berger en contrepartie d'une maigre rétribution. A neuf ans, il fit partie d'une caravane organisée par son oncle pour commercer en Syrie. Ce fut le premier voyage de l'enfant hors du territoire de la Péninsule arabique. A partir de ce moment, la trace de Mohammed devient plus difficile à suivre. Les historiens n'arrivent  pas à reconstituer la chronologie des événements comme pour la période antérieure. Il est vraisemblable qu'il continua à exercer une activité commerciale en s'intégrant aux nombreuses caravanes qui sillonnaient l'Arabie à l'époque. Quoi qu'il en soit, à l'âge de 25 ans, il se trouve toujours à La Mecque en compagnie de son oncle. Depuis quelques années, une sévère disette s'était abattue sur le pays et les gens étaient éprouvés par la calamité. Mohammed était connu des habitants de la Mecque, de la même façon que chacun d'eux connaissait tous les autres, dans une communauté fermée. De par sa probité et son honnêteté, il avait été surnommé « El Amine », (l'homme droit et intègre).
Informée de sa réputation Khadidja, une riche veuve de quarante ans qui avait hérité de son mari d’une fortune conséquente, lui confia le soin d'organiser une caravane pour commercer  en Syrie. L'expédition fut menée à l'avantage des deux parties et Khadidja n’eut qu’à se féliciter de la probité de  son associé. L’activité commerciale prit de l’ampleur, ce qui lui permit  d'apprécier les qualités, tant morales que professionnelles de  Mohammed, et c'est presque naturellement que le mariage fut décidé, en raison de la bonne entente qui existait entre eux. Quelques jours après la cérémonie, Mohammed quitta la maison de son oncle pour aller habiter dans celle de sa femme. La vie de ce couple séparé par une différence  d’âge de quinze ans fut exemplaire. Plus tard, Mohammed, devenu Prophète, ne manquera  pas d'évoquer des souvenirs pleins de sensibilité et de tendresse que cette femme admirable a su éveiller en lui et les entretenir tout au long de leur union. Elle se tint fermement à ses côtés dans les moments les plus difficiles et lui apporta le calme et le réconfort par son amour et son inlassable dévouement.
Pendant la première partie de son mariage, Mohammed continua à s'occuper de son commerce caravanier. Sa probité était reconnue unanimement. Jamais aucune source n'a pu contredire ses éminentes qualités morales. En l'an 605 de l'ère chrétienne, il prit part, comme expliqué plus haut, à la reconstruction de la Maison Sacrée de la Kaâba ; cet événement considérable fut en quelque sorte un élément déclencheur dans la prise de conscience des milieux évolués, qui commençaient à voir dans la pratique de l'idolâtrie un culte dérisoire. D’autant que les Juifs et les Chrétiens qui côtoyaient les Arabes s'honoraient d'adorer un Dieu Unique et de posséder des Livres Sacrés qui faisaient d'eux les peuples élus. (Chaque communauté revendiquant d'ailleurs cette qualité en se prévalant d'une alliance préférentielle avec le Seigneur).
Le polythéisme de La Mecque consistait à vénérer des idoles, qui  étaient supposées intercéder auprès d'un dieu indéfinissable et inconnu. L'intérieur de la Ka’aba était décoré de statues et de fresques,  où voisinaient les représentations de Marie (Meriem), de Jésus ('Issa), d'Abraham (Ibrahim) et d'Ismaël. A l’extérieur et tout autour du sanctuaire, 360 idoles différentes étaient alignées, que les Arabes venaient adorer et implorer  pour bénéficier de leur clémence.
Les tribus possédaient leurs propres divinités ; leurs adeptes venaient  leur rendre hommage,  pratiquer des actes d'adoration et leur adresser des suppliques. Parfois les situations frisaient l’absurde. Ainsi,  le cas de la Tribu des Banou Hanifa, en Arabie orientale dont les membres vénéraient une statue faite de farine et de dattes qui leur servit de nourriture lors d'une période de disette. Le mode de vie de l'époque reflétait le degré de dissipation des valeurs humaines; à côté de vertus comme la générosité, le courage, l'hospitalité, les Arabes cultivaient l'immoralité, le meurtre, la débauche, les excès. Les filles étaient enterrées vivantes,  la prostitution courante, la pratique des mariages temporaires généralisée et les forts opprimaient les faibles.
Les Musulmans ont surnommé la période antéislamique, la Djahiliya, ou l'ère de l'ignorance et de l'obscurantisme. Il n'existait pas d'échelle de valeurs, de sorte que tout était confondu avec tout. A l'avènement de l'Islam, le Coran  Sacré a tracé une limite rigide afin de discerner le bien du mal, de même  que le blanc se distingue du noir. Cette démarcation est traduite en Arabe par le mot Al furqan, qui est un des noms du Coran. Le Livre de la Distinction est justifié par sa faculté à mettre en relief l'existence de principes antagonistes et irréconciliables, qui ne sauraient être dissous dans  le récipient de la compromission.
A l'image de la majorité des Arabes, la tribu de Mohammed, pratiquait l’idolâtrie. Sa famille détenait même des charges religieuses importantes dans l'exercice du culte, comme celle d'approvisionner en eau sacrée les pèlerins qui venaient rendre hommage aux divinités de la Ka’aba. Toutefois, certains membres avaient conscience que ces pratiques étaient entachées de superstitions, aussi ils cherchaient à s'élever spirituellement par une forme de croyance supérieure. Le grand-père de Mohammed, Abd el Mouttalib se retirait déjà dans la caverne de Hirâ durant le mois de Ramadhan pour apaiser son âme insatisfaite et méditer. La caverne en question se trouve au sommet du mont Nour (Lumière) à quelques kilomètres au nord de La Mecque et domine un paysage montagneux tourmenté et grandiose.
Tabari signale que les hommes pieux parmi les Qoraïchites se retiraient chaque année durant le mois de Redjeb et regardaient une telle pratique comme un acte de dévotion. Les Béni Hachem (clan du Prophète) avaient été les premiers à instituer l'usage de la retraite. Les autres tribus imitèrent par la suite cette observance et élevèrent des constructions au sommet de la montagne pour se recueillir.
Les orientalistes dans leur majorité, répugnent à parler de ces pratiques religieuses d’isolement, de contemplation et de méditation. Des auteurs tels que Watt, Maxime Rodinson, Savary, Blachère, Montet et d’autres,  passent sous silence cette coutume, ou ne l'évoquent  que très succinctement. La raison en est toute simple: leur objectif est celui d'accréditer la thèse selon laquelle Mohammed se serait retiré dans la caverne Hirâ durant plusieurs années (quinze ans) pour méditer et rédiger  « son » Coran. En faisant valoir que la retraite était temporaire (un mois par an) et de pratique courante, c’est la notion du Prophète-ermite, qui par un jour prodigieux est  soudain sorti de sa grotte, un Coran tout entier en mains, qui est battue en brèche !
Cette tendance à la falsification est si tenace, qu’il est peu probable de voir un jour des orientalistes réaliser des études sans a priori dégradants…pour eux bien entendu, car l’Islam ne saurait être affecté par leurs divagations. D’autres hommes avant le Prophète, ont fait retraite et personne n'a été en mesure de composer une œuvre aussi monumentale que le Coran Sacré. De plus, toutes les sources historiques concordent pour reconnaître que le Prophète était illettré et aucun acte dans sa vie publique ou privée n'a jamais démontré le contraire. Le Coran fait à plusieurs reprises allusion au Prophète illettré. Est-il concevable de  pousser le ridicule jusqu'à attribuer à un tel homme le plus pur joyau de la langue arabe, elle qui est si riche en chefs d'œuvre mémorables ? Ce serait accepter dans la même ligne de pensée que l'aveugle puisse être le champion du tir à l'arc, ou le sourd, le plus fin critique musical ! Si ce raisonnement semble logique aux détracteurs du Prophète, alors sans nul doute, la rédaction du Message s'est déroulée selon leur façon de penser, puisqu’ils on tendance à bâtir des châteaux des Espagne en faisant usage de leurs seules facultés « intellectuelles ».
Le fait  d’être illettré en ces temps et en ces lieux, n’était guère une tare, pour avoir à le cacher. D’autant que le Texte coranique, de par sa richesse littéraire et ses révélations extraordinaires, tant, dans  le domaine spirituel, que dans les sciences sociales, éducatives et  scientifiques, démontre qu’un tel ouvrage ne peut être conçu même, par des lettrés de haut niveau.  Car, le Coran reste inimitable, dans tous les  domaines de compétence qu’il aborde, ce qui démontre véritablement son origine divine. Voici comment le Coran confirme l’illettrisme du Prophète Mohammed, que le Salut et la Bénédiction d’Allah, soient sur lui.
C’est Dieu qui parle : « Je ferai que Mon châtiment  atteigne qui Je veux et Ma Miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai à ceux qui Me craignent, acquittent la zakat (la dîme) et en foi en Nos Signes. Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent mentionné chez eux dans la Torah et l’Evangile. Il leur ordonne ce qui est convenable, leur interdit ce qui est blâmable, leur rend licites les bonnes choses et proscrit les mauvaises ; Il leur ôte le fardeau et le joug qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront lui porteront secours et suivront la lumière descendue sur avec lui (le Coran), seront les gagnants. Dis : « Ô hommes ! Je suis pour vous le Messager d’Allah à qui appartient la Royauté des cieux et de la terre. Il n’existe pas de divinité en dehors de Lui. Il donne la vie et la mort. Croyez donc en Allah, en Son Messager, le Prophète illettré qui croit en Lui et en Ses Paroles ; Suivez-le, afin d’être bien guidés. » (Coran. 7. 156 à 158).
Voici ce qu'écrit opportunément à ce sujet, Cheikh M. Draz, Professeur de l'Université d'El Azhar, (Le Caire) en préfaçant l'ouvrage de Malek Bennabi,  intitulé : « Le phénomène coranique »
« ...On connaît le thème favori de ces écrivains (occidentaux). Il consiste à dire qu'une période d'incubation des idées religieuses devait précéder celle de l'apparition du Coran sur le plan de la conscience claire mohammadienne. Comme l'idée d'une œuvre aussi immense et magistrale que le Coran était inconcevable du jour au lendemain et qu'il lui fallait le temps matériel nécessaire à sa préparation, ces auteurs se sont trouvés dans l'obligation de supposer pour cette retraite une durée prolongée pendant de nombreuses années. Mohammed se serait ainsi éclipsé dès son mariage à l'âge de vingt-cinq ans, pour se livrer à ses méditations, et ne réapparaître qu'avec son message un beau jour. »
« Or, l'hypothèse d'une telle absence (15 ans) est non seulement gratuite, mais fausse historiquement parlant. Les sources les plus authentiques fixent en effet la date de cette retraite tout juste un mois avant la révélation du Coran. Ce mois, précisent-elles, fut entrecoupé de plusieurs retours au foyer familial pour cause d’approvisionnement, et fut  précédé d'une série de songes très clairs, confirmés ensuite ponctuellement par les réalités. Tous ces signes précurseurs, sont intervenus vers l'âge de quarante ans qui est l'âge de la révélation proprement dite. Mais nous pouvons aller plus loin et supposer gratuitement ce mois de retraite, même depuis son mariage. Il reste encore entendu que les onze douzièmes de sa vie dans cet intervalle se passaient au milieu et sous les yeux de ses compatriotes. »
«  Le Coran (10. 16) tire précisément argument de cette présence prolongée du Prophète parmi son peuple pendant un temps largement suffisant pour que tout le monde puisse se rendre compte de son caractère, de ses occupations et de son incapacité d'une telle entreprise. Quelles furent ses actions à cette époque intermédiaire ?  Un fait précis est au moins certain : vers l'âge de trente-cinq ans, il participe à la reconstruction de la Kaâba. On sait d'autre part qu'il s'acquittait toujours vaillamment de sa charge familiale, étant donné qu'il eut la plupart de ses enfants avant sa carrière prophétique. »
« Si nous ne possédons pas de détails plus amples sur ses occupations quotidiennes durant ce temps, c'est sans doute qu'en dehors du trait saillant de son excellente moralité, il n'y en n'avait pas qui se détachât sensiblement du cadre normal de son milieu. Le silence de tous les biographes sur des détails complémentaires doit être cité comme vous l'avez très bien remarqué, à l'honneur de la tradition musulmane, qui se montre toujours d'une fidélité historique extrêmement rigoureuse, en ne voulant rien amplifier, ni rien diminuer des données positives se trouvant à sa portée, qu'elles soient favorables ou non à sa propre cause... »
Tel est l'avis autorisé d'un éminent spécialiste, en fait de tous les historiens impartiaux, qu’ils se revendiquent de l'honorable et millénaire Université d'El Azhar au Caire,  ou d’autres institutions réputées pour leur science, qui contredisent formellement les versions fantaisistes qui naissent épisodiquement chez les orientalistes en mal d'originalité. Quant à l'extrait coranique cité par le préfacier en voici la traduction : (C'est Dieu qui parle) : « Lorsque Nos enseignements évidents sont récités à ceux qui n'espèrent pas Nous rencontrer, ils disent : « Apporte-nous un autre Coran, ou alors modifie la teneur de celui-ci. » Réponds : « Comment pourrais-je de ma propre initiative en modifier quoi que ce soit ? Je ne fais que me conformer à ce qui m'a été révélé. Je crains si je désobéis à mon Seigneur d'encourir le châtiment du Jour Terrible. » Dis (leur) : « Si Dieu L'avait voulu je ne vous l'aurais pas communiqué et ne vous en aurais pas instruis. (Avant cela), j'ai passé toute une vie avec vous (sans jamais rien écrire ni prédire quoi que ce soit). Seriez-vous dépourvus de jugement ? »  (Coran 10. 15-16)
Les sources autorisées et bien documentées concordent pour rejeter le cliché fané et usé d'un anachorète cloîtré dans une caverne, absorbé dans une hypothétique rédaction coranique. Les circonstances pénibles dans lesquelles a grandi Mohammed n'ont jamais favorisé son accès à l'enseignement. Son enfance mouvementée, la perte précoce de ses parents et de son tuteur, l'obligation pour lui de subvenir dans sa jeunesse à ses besoins, l'absence d'école et d'autres facteurs contraignants ne lui ont certainement pas permis d'acquérir les rudiments de l'alphabet.
Cependant, il n’y a pas lieu de croire que son cas était exceptionnel en Arabie ou dans la société mecquoise. Bien au contraire, la grande majorité des hommes et la presque totalité des femmes étaient illettrés. L'éducation était généralement dispensée par les parents, et le plus souvent par la mère,  conditions dont l’intéressé n'a pu bénéficier. Son grand-père était d'un âge très avancé lorsqu'il le recueillit et ses importantes charges religieuses et civiles ne lui laissaient pas le temps de se consacrer à son petit-fils. Abou Talib, l'oncle qui prit la suite avait la responsabilité d'une nombreuse progéniture et le jeune garçon dut s'engager comme berger pour alléger le fardeau de la famille.  Tous ces faits confirment la version du Prophète illettré, attestée par ses concitoyens et les  historiens dépourvus de préjugés et de fantasmes.  De plus, sur les centaines de milliers de Hadiths se rapportant aux faits et gestes du Prophète, durant sa vie spirituelle,  aucun ne prétend le contraire. Enfin, le Coran plaide aussi pour cette réalité. Après le passage cité plus haut, voici une autre citation : « Tu ne récitais aucun livre avant celui-ci (Le Coran) et tu n’en écrivais non plus avec ta (main) droite. Les imposteurs ne se livrent qu’à des spéculations. » (Coran. 29. 48)
La réalité aurait dû être entendue et admise en toute logique. Ce n’est pourtant pas le cas. Dans leur majorité, et pour ne pas faillir à une tradition séculaire qui leur fait hérisser le poil, dès que le Coran Sacré est mis en exergue et en lumière,  les orientalistes rejettent la thèse d’un Prophète illettré, qui tendrait à faire croire que le Coran est d’origine divine. Ils maintiennent contre vents et marées, leurs positions  sur  sa provenance humaine, en dépit des  montagnes de preuves contraires. Quand des gens sont victimes à ce point d’une obsession maladive qui leur fait voir les choses autrement que ce qu’elles sont dans la réalité, il est impossible de leur exiger qu’ils attribuent le sceau de l’authenticité, au Coran ou à l’ensemble de la religion musulmane. Pour eux, tout n’est que fantasmes et mensonges, et seule leur propre clairvoyance, leur tient lieu de jugement universel. Ainsi, W.M. Watt, dans son ouvrage « Mahomet », écrit ceci : «  L’Islam orthodoxe soutient que Mahomet ne savait ni lire ni écrire, mais cette affirmation est suspecte au savant occidental moderne, parce qu’elle lui paraît énoncée pour étayer la croyance que l’existence de son Coran est miraculeuse, œuvre qu’un illettré n’aurait jamais pu faire par ses propres moyens. »
Bien entendu, l’auteur n’avance aucune preuve de ce qu’il écrit (et de ce qu’il pense), seules ses convictions intimes tiennent lieu d’assurance à toute épreuve.  Ce qui est, particulièrement indigeste pour réfuter un  monument, tel que le Coran Sacré. Mais, il faut bien qu’ignorance se justifie,  alors tous les arguments sont bons à prendre. Cependant, il est curieux de constater que le dit « savant occidental et moderne », n’éprouve plus aucune suspicion, ni aucune défiance, lorsqu’il s’agit d’enseigner que le Dieu biblique s’est battu dans un combat physique toute une nuit contre Jacob, que ce même Dieu  s’est astreint pendant une bonne partie de la journée à courir, l’épée à la main derrière les poils de la barbe  du Prophète Ezéchiel, à Jérusalem, et autres aventures du même gabarit. Un comportement déroutant pour un Dieu biblique, dont les exploits feraient pâlir de jalousie d’éventuels concurrents. Car, « le savant occidental moderne » est en même temps un prêtre de l’Eglise anglicane, qui a pour  vocation de nier l’authenticité du Coran et de promouvoir la Bible, qui constitue son livre de chevet et de méditation et de laquelle ont été puisés les comportements qui viennent d’être évoqués.  Qui seraient donc à ses yeux  d’une véracité à toute épreuve ! Evidemment, chacun voit midi à sa porte.
Une autre catégorie de censeurs est incarnée par Régis Blachère, qui pour trouver la perle rare a dû décortiquer les annales de la vie du Prophète Mohammed, pour essayer de détruire les sources musulmanes, relatives à  son illettrisme. Car, lui aussi, à l’instar de la plupart des orientalistes, ne pouvait admettre, que l’intéressé ne disposait pas d’une érudition encyclopédique, pour composer un livre aussi glorieux que le Coran. Il rappelle un épisode connu, concernant la signature d’un pacte de non-agression, entre les Musulmans, représentés par le Prophète et les idolâtres, conduits par Sohaïl Ibn ‘Amr. Le premier avait pour habitude de débuter ses écrits par la  formule liminaire suivante : « Au Nom d’Allah, Clément et Miséricordieux ». Voici ce qu’écrit Blachère : « C’est ainsi qu’au moment où à El Hodaïbiya (en l’an 6 de l’Hégire, calendrier musulman, correspondant à l’année 627 de l’ère chrétienne), le Prophète et le délégué mecquois, Sohaïl, décident de rédiger un pacte, Mohammed fait venir son scribe et commence à dicter la formule liminaire.  Mais Sohaïl arrête net le Prophète et lui dit: « Ecris, comme tu écrivais (jadis): « En ton Nom, Ô Seigneur ! » Il est évident qu'ici Sohaïl fait allusion à quelque écrit de la main de Mahomet avant son départ de la Mecque et peut-être même antérieur à sa prédication. »
En dehors du fait que Blachère suppute gratuitement à la fin de cette citation, il y a lieu de relever que le Prophète était accompagné d'un secrétaire chargé de rédiger l'accord, précisément parce qu’il était illettré.  Lorsque Sohaïl dit au Prophète : « Ecris comme tu écrivais... », cela ne signifie nullement : « Ecris de ta main propre... » Sohaïl négociait le pacte avec le Prophète et il ne pouvait du point de vue protocolaire s'adresser directement au scribe qui ne dépendait pas de lui. Son intervention avait le sens de : « Ordonne (à ton secrétaire d'écrire comme avant) » Blachère reconnaît en caractères minuscules et en bas de page que cette version est également plausible. Il ajoute : « Il est à remarquer que dans cette scène, l'impératif : « écris ! » signifie aussi : « Fais écrire ! Dicte ! »
Il y a de quoi être confondu par la méthode utilisée qui s'apparente au spot publicitaire. D'un côté, on projette en pleine lumière un message agressif et provocant, ensuite, il faudrait faire usage d'une loupe pour constater, non seulement qu'il est vide de sens, mais qu’il  est susceptible de dire exactement le contraire ! Entretemps,  le doute est semé dans l'esprit des lecteurs. Alors avis aux mal-voyants ! Prière de se munir de lunettes grossissantes et en même temps correctrices, pour lire les ouvrages des orientalistes sur l’Islam. Encore, qu’à sa décharge,  Blachère avait admis, qu’il pouvait y avoir une autre lecture, pour libérer sa conscience, car nombre d’entre eux,  n’ont jamais eu recours  à ce genre de procédé, qui consiste  à faire un mea culpa, même  minuscule et microscopique. Ils sont seuls détenteurs de la raison, de la vérité et de la science; de véritables savants occidentaux modernes, dans toute l’expression du terme, ainsi que le reconnaît,  Blachère sans  complexe.
De toute façon 1'anecdote est connue de tout le monde. Ce sont les historiens arabes qui ont contribué à la diffuser. Le scribe en question n'est autre qu’Ali, le cousin du Prophète, fils d’Abou Talib,  son oncle et tuteur,  qui a rédigé de sa propre main la totalité du pacte, ainsi que d’autres écrits qu’il a plu au Prophète de lui confier. En règle générale et dans des conditions normales, celui-ci ne se séparait jamais de ses secrétaires. L’ensemble du Coran a été rédigé par eux et il n’existe pas un seul mot qui soit de sa main. Contrairement aux insinuations et aux accusations,  le Prophète n'a jamais écrit quoi que ce soit, ni à cet instant ni a aucun autre moment. Le fait d’être lettré n’est ni dégradant ni humiliant, pour le dissimuler ; au contraire c’est un motif de fierté. Si le Prophète l’avait été, il n’aurait pu s’en cacher,  au risque que quelqu’un ne dévoile un tel secret, ce  qui aurait été véritablement catastrophique, pour sa renommée et le Message qu’il professait. Même ses ennemis les plus déterminés, les idolâtres mecquois, puis plus tard, les Israélites et les Chrétiens, n’ont jamais pu apporter la moindre preuve de leurs assertions. Seule une rancœur tenace et inexpugnable, les pousse à radoter ce genre de rengaine, pour se faire une raison d’écrire et de se distinguer. Ils demeurent insatiables ; dans mille ans encore, ils prétendront que le Prophète savait parfaitement lire et écrire, et même qu’à ses moments perdus, il professait la littérature et les belles lettres.
Devant l'insuccès de sa démonstration, Blachère est revenu à la charge quelques lignes plus loin en s’intéressant aux derniers moments du Prophète, alors qu’il était en proie à une fièvre mortelle, agonisant. A défaut  de grives…tout le mode connaît  la suite de l’adage. Voici sa deuxième épopée : « Plus probant encore est la série des Traditions nous montrant le Prophète à l'article de la mort, réclamant une omoplate de chameau (ou un parchemin) avec une écritoire pour rédiger son testament politique. Nul ne s'étonne de l'exigence, et si l'on n'y satisfait pas, c'est simplement parce que la faction  d’Abou Bakr et d’Aïcha, s'y oppose pour faire pièce à la faction d’Ali. »
A nouveau, l'auteur tire des conclusions déplacées,  pour étayer sa démonstration, mais il ne réussit qu’à mieux la dévaloriser. Le Prophète était à l'article de la mort,  il avait  à ses côtés dans la salle d'autres fidèles en mesure de rédiger pour lui. Le fait de réclamer une écritoire, ne signifie nullement qu’il avait l’intention d’écrire, puisque d’autres pouvaient le faire. Ibn Abbas le décrit en proie à de vives souffrances, il était allongé et ne pouvait bouger. On voit mal un homme dans une telle situation réclamer de quoi écrire ses  dernières volontés. Les pénibles circonstances l'avaient privé de la plupart de ses facultés.
Cette version est d'autant plus grotesque que le Prophète avait gagné l'admiration de ses contemporains et  plus tard, des historiens intègres par ses éminentes qualités d'organisateur. Il était scrupuleux dans la gestion des affaires publiques et a régi les relations entre les gens,  en les codifiant. Il a fait mettre par écrit tous les documents importants qui réglementent la vie de l'individu comme celle de la communauté (chartes, traités, etc.). Il a conçu la première convention de Médine,  et son œuvre capitale a été de révéler  et de mettre en pratique le Coran Sacré, ce  monument  de vérité et d’éternité. Et un homme aussi éminent, se serait laissé aller à  l'agonie pour commencer à rédiger son testament spirituel ? L'hypothèse est simplement invraisemblable. D’autant qu’il avait déjà les pressentiments de sa  proche disparition, bien avant que la maladie ne l’atteigne, puisqu’il l’avait annoncé à son entourage. D’ailleurs la révélation coranique venait de se tarir et lui-même avait prononcé le serment d’adieu, devant les fidèles réunis.
          Sentant venir la mort, il désirait certainement dicter quelques  recommandations pour être consignées par écrit, mais il y renonça en raison de son état.  Il n'y a rien dans son attitude qui puisse laisser croire qu'il s'apprêtait à rédiger un document quelconque et qui plus est, de sa propre main, alors que ses forces déclinaient à vue d’œil. Le Prophète est un homme ;  il l’est resté tout au long de sa vie,  avec la force et  la faiblesse d’un être humain. Il n’a jamais songé un jour changer de statut pour entrer dans le cercle fermé des divinités.  Une prétention aussi démesurée, ne pouvait l’effleurer, car cela aurait du domaine de l’illusoire et de l’impossible.
Les orientalistes, n’ont jamais cessé d’user de stratagèmes, pour semer la confusion et l’exploiter aussi bien  à bon escient que vulgairement.  L'exemple précédent est significatif de leur tendance à promouvoir des scénarios insensés pour dénaturer les sources historiques authentiques. Ainsi que le veut la tradition d’une opinion qui a été manipulée à l’excès, ce ne sont pas les avions qui volent normalement et sans problème,  qui attirent l’attention et incitent la curiosité, mais bien  celui qui se crashe, et qui dès lors, fait la une des journaux et les gros titres. Ainsi, une traduction honnête du Coran n’est pas pour aiguiser l’appétit de monsieur tout le monde, qui rêve d’esclandres, de grands scandales, de révélations fracassantes et de tout ce qui sort des normes. Les orientalistes réagissent positivement à cette attente et sont disposés à leur servir de savoureux plats,  bien assaisonnés sur un plateau d’argent. Le fumier n’est pas toujours et seulement malodorant ; ceux qui en tirent profit lui trouvent  au contraire un agréable  parfum.
Le point de vue de Blachère et d’autres orientalistes, découle de la même logique où le mensonge est érigé en vertu et où la probité provoque l’indignation des censeurs, prétendument doués pour juger ceux qui s’écartent d’une orthodoxie déglinguée. De fait qui pourrait  légitimer une position qui réfute toutes les sources existantes durant la vie de quelqu’un,  pour  élaborer des théories contradictoires, montées de toutes pièces et qui s’articulent autour d’une phrase prononcée pendant les affres de la mort ? Mais, bien que délétères, les arguments  des adversaires de l’Islam restent  nombreux et diversifiés. Il en apparait  toujours de nouveaux lorsqu'on s'y attend le moins. Le seul trait commun qui les relie est leur débilité chronique.
          C’est ainsi que pour d’autres historiens, le Prophète ne pouvait être illettré et en même temps posséder des qualités d'organisateur et de stratège. Ni assumer la direction d'un nouveau courant religieux ou asseoir son autorité sur tout un pays si ce n'est par la grâce d'un savoir approfondi, dont il aurait caché l'acquisition pour faire croire au miracle d'un Coran révélé par Dieu. Ils tenaient à le gratifier malgré lui, d’avoir produit le Coran, le comble ! Mais si cela était avéré, l’auraient-ils élevé sur un piédestal ? Même pas ; il s’agit d’une ruse pour mieux le dénigrer.  Ils seraient  d’ailleurs en meilleure position  pour lui dénier sa qualité de Prophète, puisque le Message Sacré viendrait de lui, il n’émanerait plus du Seigneur de l’univers. Donc à prendre avec des pincettes.
Les orientalistes sont obnubilés par leurs fantasmes, au point de négliger de puiser des exemples édifiants dans leur propre histoire ce qui les aurait incité à plus de mesure. Voici donc un bref rappel d’une réalité, que personne ne veut exhumer. Il s’agit de Charlemagne (742-814), Roi des Francs et Empereur d'Occident. Fils de Pépin le Bref,  il était né deux siècles après le Prophète Mohammed et vécut une enfance dorée, comme il sied à un fils de Roi, en présence de ses parents et au milieu d'une cour prestigieuse. A son avènement, il conquit et soumit une grande partie de l'Europe occidentale. Couronné par le Pape au titre d’Empereur d'Occident, il se considérait investi de cette dignité par Dieu. Il organisa son immense empire, forma un gouvernement central personnel, mit en place des assemblées politiques et religieuses, une administration locale, etc. Dans le domaine culturel, il promut les connaissances en créant  une académie fréquentée par les savants de toute l'Europe, multiplia les ateliers d'art dans les monastères, favorisa la diffusion des Textes Sacrés et encouragea l'architecture et la décoration. Enfin, c'était un amateur de grammaire, il impulsa l'écriture caroline, et parlait couramment le francique, le grec et le latin.
Pourtant, et en dépit de toutes ses qualités, l'Empereur le plus puissant, l'homme le plus brillant d'Europe était  illettré ! Il ne savait ni lire ni écrire, pas plus les langues étrangères, que la sienne propre. Et,  le contraste le plus étonnant, c'est que même si toutes les circonstances plaident pour que le Prophète soit illettré, (milieu, enfance pénible, environnement hostile, solitude, etc.), les orientalistes refuse d'admettre cette réalité, mais comble de l'ironie, ils n’en font pas un plat,  pour Charlemagne qui réunissait toutes les conditions pour ne pas l'être ! Mais chut, le secret doit rester bien gardé !
Les deux hommes étaient hors du commun. Le Prophète, par  sa profonde spiritualité, son esprit d'équité, sa probité et son inclination pour l'adoration d'un Dieu Unique et Tout-puissant.  L'Empereur, par sa puissance politico-militaire, son pouvoir exorbitant, ses  richesses fabuleuses et son penchant pour l'art et la culture. Ils avaient cependant un trait  commun, celui d'être également illettrés. Alors pourquoi l'admettre pour l'un et le rejeter pour l'autre ? La réponse est que les orientalistes qui dénièrent cette caractéristique au Prophète tout en l’admettant ne serait-ce qu'implicitement à l'Empereur, avaient des accointances avec ce dernier.
Elles pouvaient être multiples, soit  qu'ils possèdent en propre un héritage spirituel, civilisationnel ou culturel, soit qu'ils appartiennent à une même aire géographique ou politique, ou à un bloc lié par des intérêts économiques ou des affinités historiques ou toute autre raison qui engendre une affectivité et des liens réciproques  de solidarité, qu’ils opposeront conjointement  aux étrangers, ceux qui ne sont pas issus  du même moule. Dès lors, la « raison »  est subjectivisée  et  se trouve sous l’influence  d’intérêts communs qui convergent de toute part pour se fondre dans le creuset de l’extravagance ;  elle n’est pas mue  par la vérité et la sincérité, mais par des considérations matérielles, culturelles et raciales.  Voilà pourquoi dans mille ans encore, les  orientalistes continueront à prétendre imperturbablement que le Prophète Mohammed n'était pas illettré,  alors que toutes les raisons attestent du contraire, mais que Charlemagne par contre était bien illettré, alors que tous les arguments plaident  pour qu’il ne le soit pas !

LA REVELATION CORANIQUE
Quand celui qui n’était encore que Mohammed, simple citoyen de La Mecque,  pénétra en  ce mois de Ramadhan (610 de l’ère chrétienne), dans la caverne de Hirâ, il avait quarante ans. Certaines sources prétendent qu'il en était à sa cinquième retraite, mais cela n'est pas prouvé. Depuis quelque temps, il commençait à avoir des rêves prémonitoires qui le troublaient. Le jeûne du Ramadhan n'avait pas encore été prescrit et Mohammed s'adonna à la méditation et au recueillement dans la solitude. Il y consacra vingt-six jours et la retraite tirait à sa fin, quand  sans transition, alors qu'il s'était endormi, le plus extraordinaire des phénomènes allait survenir pour bouleverser les fondements d’une humanité, dont la foi ne cessait de se dégrader.
En effet, c'est durant cette nuit bénie que lui est apparu l'Archange Djibril (Gabriel) porteur d'un message divin destiné à purifier une spiritualité, qui avait été altérée et détournée de ses objectifs.  Il ne s’agissait pas d’une nouveauté unique en son genre, mais la réédition d’une pratique  qui n’a cessé d’être entretenue tout au long de l’histoire de l’humanité. A la  différence que le Coran est venu clore le cycle des révélations divines, qui prennent fin avec la venue de l’ultime Messager d’Allah, le Prophète Mohammed, que le Salut et la bénédiction d’Allah, soient sur lui. Désormais, plus aucun Elu de Dieu, ne se manifesterait.
En voici le récit de la bouche même du Prophète : « Il m'apprit qu'il était l'Ange Gabriel, et qu’Allah L'avait envoyé pour m'annoncer qu'Il m'avait choisi pour être son Messager. L'ange m'apprit à faire mes ablutions et lorsque je revins purifié dans mon corps, il me demanda de lire. Je répondis : « Je ne sais pas lire. »  Il me prit dans ses bras et m’enserra  très fort, puis desserrant son étreinte, il exigea de moi de lire une nouvelle fois. Je luis dis : « Je ne sais pas lire » Il m’étreignit à  nouveau,  puis me demanda de lire ;  je répondis que je ne savais pas lire. Il me prit dans ses bras une troisième fois, et m'ayant serré plus puissamment  que jamais, il me relâcha et dit : « Lis au Nom de ton Seigneur ; Celui qui a créé ; II a créé l'homme d'une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le plus Généreux,  c’est Lui qui a enseigné à l'homme l'usage de la plume (l'écriture), et Lui a enseigné ce qu'il ignorait » (Première partie de la sourate 96)
« Je récitai ces paroles après lui. (Puis) Il disparut et, m'étant ressaisi vivement, je ressentis cette impression qu'un livre tout entier venait d'être gravé dans mon coeur. Je quittai, la grotte pour recouvrer mes esprits, lorsque me trouvant à mi-côté de la montagne, j'entendis une voix venant du ciel. Elle me dit : « Ô Mohammed, tu es le Prophète d'Allah, et moi je suis Djibril (Gabriel) ! »  Je levai la tête vers le ciel, Djibril l'emplissait, j'avais beau détourner mes regards aveuglés, vers d'autres parties de l'horizon, partout, je retrouvais son apparition, éblouissante. J'étais cloué, pétrifié dans le même endroit, ne pouvant ni avancer, ni reculer. »
« Une seconde fois, Djibril me répéta : « Ô Mohammed, tu es Prophète d'Allah et moi je suis Djibril. » Puis il disparut comme une vision dans un rêve. Alors, je courus en grande hâte, le coeur secoué par la plus terrible angoisse, en direction de ma demeure. »  
« Lorsqu’il entra dans son logis, il courut vers Khadidja dans le giron de laquelle il cacha la tête, comme pour chercher refuge auprès de cette épouse bien-aimée. En proie à un fort accès de fièvre et frémissant, il s'écria : « Couvrez-moi, couvrez-moi ! » On le couvrit jusqu’à ce qu'il se fût calmé. Emue, Khadidja le questionna en ces termes : « Par Dieu, ou étais-tu ? Ô Aboul Kacem (Père de Kacem) ! Que t'est-il arrivé ? J'avais envoyé, mes gens à ta recherche, ils sont revenus sans t'avoir trouvé, ni à Hira, ni dans les environs de la ville. »
« Le Prophète lui fit le récit de l'événement en disant qu'il avait bien cru mourir. »  « Cela ne pouvait être, répliqua Khadidja rassérénée, assurément, Dieu Ne voulait aucunement t'affliger de malheur, car tu es bon pour ta famille, clément envers les faibles, généreux avec les pauvres, secourable pour les victimes de l'injustice. C'est une bonne nouvelle que tu apportes ! Je te l'affirme par Dieu, qui tient la vie de Khadidja entre Ses Mains, je n'ai pas le moindre doute que tu seras le Prophète de notre nation ».
«  Pris d'une grande fatigue, il sombra dans le sommeil. Pendant que Khadidja attendait son réveil, il se leva en sursaut, ruisselant de sueur. Djibril lui était  apparu une seconde fois, porteur du Message de Dieu suivant : « Ô toi qui es couvert ; Lève-toi et avertis ; Glorifie Ton Seigneur ;  Purifie tes vêtements ; Fuis l'abomination : Ne tire pas vanité de ce que tu fais et  sois patient envers Ton Seigneur. » (Première partie de la Sourate 74)
 «  Depuis,  Djibril ne cessait de visiter Mohammed qui s'habitua à la révélation. Quand il se présentait, une grande émotion s'emparait de lui, son visage pâlissait, il tremblait et de grosses gouttes de sueur coulaient de son corps. De sa bouche sortaient des sons étranges et incohérents, puis il murmurait des versets plus ou moins distinctement. Les personnes présentes n'osaient le regarder. Le Prophète s'affaiblissait et tremblait à mesure que la révélation se prolongeait. De sa bouche sortait une écume blanche. Il poussait aussi assez souvent des sons rauques inintelligibles. »
« Une fois remis de son état de transe,  il réunissait sa pensée et récitait les versets reçus. C'étaient des phrases de longueurs inégales, en prose rimée et rythmée qui contenaient les prescriptions divines dont le Prophète devait en assurer l'exécution telles des lois impératives qui s'imposaient à lui et à ses adeptes....Mohammed subissait une épreuve physique et morale très dure. Il souffrait d'une dépense d'énergie considérable, puisque après l'action, il s'affaiblissait, transpirait, tremblait puis s'assoupissait ou s'endormait comme reposé d'un dur travail physique et moral et d'une dépense d'efforts très grands.  Pendant la révélation... il était absent et ignorait ce qui se passait autour de lui. On ne sait pas s'il était endormi ou s'il était éveillé. Lui-même l'ignorait. Il ne ronflait pas. Il rendit souvent compte de ces mouvements pathétiques d'ébranlement du corps. Lorsque la révélation prenait fin, le Prophète se calmait et s'endormait, accablé par la dure épreuve. A son réveil, il récitait les versets communiqués par l'Ange Djibril. »
 Avant la révélation, le Prophète entendait d'abord comme une sorte de cloche, puis l'extase le prenait. Il était tellement agité intérieurement que même par jour très froid, les gouttes de sueur tombaient de son front. Parfois, il ne s'endormait pas après la révélation. Dès qu'il revenait à son état normal, il apprenait à son entourage le message divin qu'il venait de recevoir et le dictait à ses scribes qui le transcrivaient  immédiatement sur des objets divers, cuir, bois, omoplate de chameau, etc. Puis, il en faisait la lecture pour s’assurer que ses paroles  n’avaient pas été modifiées ou mal interprétées. Le Prophète  retenait sur le champ toute révélation et n’en oubliait plus un seul mot ; la mémoire prodigieuse dont il avait été dotée était infaillible. Ce qui lui a permis de restituer la totalité du Texte coranique, tel qu’il lui a été communiqué, à chacune des interventions de l’Ange Djibril.
Si le premier jour,  celui-ci, s'était manifesté alors que Mohammed se trouvait seul dans la caverne Hirâ, par la suite un  grand nombre de ses compagnons assistèrent à ce phénomène extraordinaire qui a duré  23 ans.  Ceux qui l’ont vu dans cet état pathétique, coupé du monde, soumis à l’incroyable influence de la Puissance Divine,  sont restés médusés et sans voix ; ils ont gardé des souvenirs graves face à un mystère qui dépassait leur entendement et devant lequel ils étaient impuissants.
Les incroyants et les polythéistes au contraire y voyaient quelques tours de prestidigitation ou l'exercice d'une magie maléfique. D'autres, considéraient le Prophète comme un fou, un poète ou un simulateur et le Coran s'est fait l'écho de cette campagne de dénigrement, menée à l’échelle mondiale durant 14 siècles. Les guérisseurs et ceux qui étaient portés à exercer la médecine croyaient déceler une forme d'épilepsie, ou autre affection organique inexpliquée. L’'Eglise chrétienne prenait le Prophète, pour  un apostat, dont l’objectif  était de provoquer  un nouveau schisme qu'il fallait réprimer  durement, au même titre qu’elle le fit pour d’autres dissidences qui apparurent en son sein. Chaque corporation croyait déceler chez le Prophète Mohammed, que le Salut et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, les signes distinctifs qui lui étaient les plus familiers. Un tel comportement n'est pas sans rappeler l'histoire de l'éléphant et des aveugles. « C'est un arbre », dit le premier en tapotant la patte du pachyderme. « Non c'est un serpent »,  s'exclame le second en touchant la trompe. Le troisième qui palpe l'oreille jure que c'est un tapis ... Et chacun de tirer des conclusions  qui avaient l’avantage de  les rassurer dans leurs aberrations.
 Les experts occidentaux allèrent très loin dans l'affabulation. Selon Francesco Gabrieli : « Il faut bien se pénétrer de l'idée que l'Occident considéra l'Islam comme une hérésie d'inspiration satanique, et son fondateur, comme un apostat ayant fait des emprunts éhontés au Christianisme. La figure de l'ermite chrétien, Bahira, qui pressentit la mission prophétique de Mahomet, et celle du Chrétien Waraqah, cousin de Khadidja, ont servi d'arguments pour penser que le Prophète avait d'abord été Chrétien avant d'abjurer. Alexandre d'Ancône y consacra une étude devenue classique. Cette légende est accompagnée d'une foule de détails contradictoires entre eux, mais obéissant au même esprit de dénigrement et de critique par les chroniqueurs, les apologistes, les hagiographes et les compilateurs latins du Moyen Age. Gerbert de Nogent et Hil¬debert de Tours au 11ème siècle, Pierre le Vénérable au 12ème  siècle, Jacques de Vitry, Martin le Polonais, Vincent de Bauvais et Jacques de Vora¬gine au 13ème siècle, et en Italie Brunetto Latini et ses continuateurs, auxquels il faut ajouter Dante et les commentateurs de Dante. Et même chez les historiens catholiques du 20ème  siècle, comme P. Lammens qui ne peut s'empêcher de laisser paraître la même aversion que le théologien du Moyen Age pour le Prophète et son entourage. En conclusion, la chrétienté médiévale tint Mahomet pour un faux prophète, possédé par le démon de la chair et un propagateur d'hérésie exécrable, venu porter le trouble et le désordre dans le sein de l'Eglise chrétienne. »
Comme le ridicule n’a pas de limite,  des sources sérieuses ont en profité pour attribuer  « la rébellion » du Prophète  au fait d’avoir été évincé du corps pontifical ! Il aurait, toujours d'après ces sources, brigué la papauté pour régner sur le monde chrétien, mais ses (noirs) desseins ont été déjoués par la providence et il aurait été démasqué.  Désabusé par ce mauvais sort, il aurait abjuré le Christianisme, pour fonder « sa » propre religion qui devait non seulement concurrencer le Judéo-christianisme mais venir s’y substituer, tout simplement ! La chronologie des événements permet de situer cette tentative d’instituer un chaos généralisé  sur terre, entre l'année 605, date de sa prise de conscience religieuse, après la reconstruction de la Kaâba, et l'année 610 au cours de laquelle il reçut la première révélation. C'est plutôt à cette dernière date que remonterait son apostasie. Durant la même période, le Vatican a enregistré l'élection de deux Papes "conventionnels" qui étaient en concurrence avec lui, Boniface III, en 607 et Boniface IV en 608, qui l’auraient finalement  supplanté à la tête de l'Eglise universelle.
 La chrétienté médiévale n'était jamais à court d'arguments, fussent-ils dérisoires ou burlesques. Le tout était de ne pas accepter le fait accompli,  et de ruer dans les brancards d’un pseudo Prophète  qui tentait  de promouvoir une nouvelle religion, sortie de derrière les fagots,  au détriment du Christianisme. Ayant échoué dans son accession à la papauté, Mohammed aurait apostasié et serait devenu, Mahound le diable, le prince des Ténèbres, ou encore Satan ou le Grand Démon, le Tentateur, ennemi juré du Christianisme et de la sainte Eglise. L'époque du Moyen Age en Occident se prêtait admirablement aux élucubrations  diaboliques et sataniques. C'était le temps où, pour reprendre une image édifiante du Coran, les ténèbres s'entassaient sur les ténèbres. Bien entendu l'Eglise qui possède des archives complètes démontrant le ridicule d'une telle conception, se garde bien de démentir quoi que ce soit, préférant laisser courir des légendes émanant de bons Chrétiens qui après tout contribuaient à focaliser l'opinion sur cette « race maudite » (Dixit le pape Urbain II, lors du concile de Clermont-Ferrand, prononcé le 27 Septembre 1095, en prélude aux futures croisades en terre sainte.)
Mais, en dépit de  leur malveillance, les attaques injustifiées n'ont jamais été en mesure d’entamer la foi absolue de Mohammed en sa mission sacrée,  ni permis de douter de l'authenticité du Message divin, qui lui était transmis. Il ne cessait de répéter avec sa modestie et sa sincérité légendaires,  qu'il ne faisait rien d'autre que de  se conformer aux révélations  qui lui étaient communiquées par l'Archange Gabriel,  qui émanaient d’Allah, le Seigneur et le Créateur de l’univers,  vis-à-vis Duquel il ne possédait aucun pouvoir. Elles s’imposaient à lui, quoi qu’il fasse, bien qu’il ne tentât rien dès qu’il fut rassuré de leur provenance.
Cependant, le Prophète allait connaître une période critique de son apostolat, qui est rapportée par toutes les sources, qu’elles soient favorables ou non à la nouvelle religion. En effet,  juste  après les premiers messages, la révélation s’est brusquement interrompue, sans raison valable et sans motif apparent.  Le Prophète qui s’était investi corps et âme dans sa mission, ne savait plus que faire ; il était  pris de court et dans un profond embarras. Il  se morfondait en spéculations. Durant trois ans,  ce fut le silence total, les cieux ne répondaient plus ; aucun message ni aucun autre signe ne parvenait. Au point que le Prophète  fut en proie à un grand doute, ravageur, dévastateur. Et s’il avait été victime d’une illusion ou d’un tour de prestidigitation ?  Et si tous les espoirs éveillés en lui, n’étaient que le produit d’une imagination sournoise qui apparaissait maintenant dans toute son hideur ? Les idolâtres se gaussaient d'un Prophète qui avait commencé à révéler un enseignement sacré et qui se trouve maintenant délaissé et  abandonné  par son Dieu. Ils lui infligèrent toutes sortes d'offenses et leurs sarcasmes, n’étaient pas pour lui remonter le moral. Il était profondément affecté et  en proie à un grand désespoir. Il multipliait les prières et les exercices de dévotion, tout en fréquentant  assidument la Maison Sacrée de la Kaâba implorant Dieu de l'assister dans cette épreuve. Mais en vain.
Puis un jour, sans crier gare,  l’Ange Djibril (Gabriel),  se présenta  à nouveau à lui et lui communiqua la sourate suivante : « Par la clarté du jour ; Par la nuit quand elle s'étend ; Ton Seigneur ne t'a pas abandonné ou pris en aversion. La vie future est meilleure pour toi que celle-ci. Ton Seigneur t’accordera bientôt Ses dons et tu seras satisfait. N'étais-tu pas orphelin et Il t'a recueilli. Tu étais errant et Il t'a guidé ; Tu étais pauvre et Il t'a enrichi ; Aussi ne brime pas l'orphelin, Ne repousse pas le mendiant, Et proclame les bienfaits de ton Seigneur. » (Sourate 93)
Ensuite, les révélations se sont succédé régulièrement, tantôt spontanément pour définir le dogme de l’Islam, mais souvent aussi en fonction de circonstances particulières, et ce durant vingt ans, sans arrêt ni interruption. Pour cette raison, le Texte coranique ne se présente pas sous forme chronologique à l’image de la Bible ; il est incrusté d’interventions ponctuelles qui répondent aux exigences des conjonctures et des événements. Ainsi pour comprendre le Coran Sacré, il faut être imprégné de l’histoire de l’Islam. Ce qui déroute plus d’un lecteur occidental, pour qui, ce texte n’est qu’une suite d’interventions chaotiques, alors qu’en réalité, il est d’une grande homogénéité, mais seuls qui sont versés en sciences islamiques, sont en mesure de l’appréhender à s juste mesure. Chaque apparition de l’Ange Gabriel, était accompagnée des phénomènes décrits plus haut. Ce n’était pas un exercice banal,  ni une sinécure, mais une épreuve difficile, épuisante pour le Prophète qui ne reprenait sa lucidité qu'à la fin de la révélation. Dès lors, le message qui lui a été transmis s’imprégnait en lui et il pouvait le communiquer à son entourage, notamment à ses scribes, qui aussitôt le couchaient par écrit.
Les occidentaux qui comparaient ses tensions spirituelles à des affections pathologiques ont été confondus de constater qu'il avait gardé jusqu'à son dernier souffle, une conscience claire et lucide et qu'il n'avait été affligé d'aucune séquelle dégénérative. Ce qui remettait en cause le bien-fondé de leur diagnostic, toujours porté à dévaloriser la nature humaine du Prophète de l’Islam et ses facultés de discernement. Car, ils ne comprenaient rien aux phénomènes mystérieux, auxquels il était confronté, aussi leurs tentatives pour les expliquer viraient souvent au burlesque. Pourtant, les Prophètes bibliques, en nombre considérable,  ont été opposés à des situations bien plus embarrassantes, sans pour autant que la curiosité ou l’étonnement des orientalistes ne se manifestent aucunement. Ils ont tous été  confirmés dans leurs missions, même si la Bible, en décrit certaines qui ressemblaient plus aux aventures des Pieds nickelés, qu’à de véritables révélations divines.
Les opinions des jugeurs se multipliaient dans la confusion et proliféraient dans  l’anarchie. Chacun d’eux tenait à tout prix à coller une étiquette infâmante, au Prophète,  espérant ainsi remporter le concours du délire poussé dans ses derniers retranchements, qui s’est instauré entre eux. Mais le Prophète Mohammed était plus sain d'esprit et plus équilibré que ceux qui ont eu à le juger, dont certains finirent par perdre la raison. Ce fut un flop mémorable.
Durant cette phase de la révélation, les convertis de la première heure furent sa femme Khadidja, l'esclave Zaïd Ibn Haritah qu’il acheta avant de l’affranchir et d’en faire son fils adoptif, Ali ibn Abou Talib, son jeune cousin qu'il avait aussi adopté et qui épousa par la suite sa fille Fatima, ainsi qu’Abou Bakr Ben Seddik, son plus grand ami. Et ce, du fait de l'opposition généralisée à la propagation de la nouvelle religion. Les Mecquois polythéistes, persécutèrent durement ceux qui aspiraient à embrasser l’Islam. Après trois ans de prêche assidu, le Prophète ne réussit à convaincre que les quatre personnes citées ci-dessus dont deux d'entre eux, Zaïd et 'Ali, étaient des enfants ! Très tôt, il eut parmi ses irréductibles ennemis, son oncle Abou Lahab, qui s'employa à le dénigrer et tenta de persuader les autres membres de la famille de se dresser contre lui. Et, durant des années, ils ne furent que cinq Musulmans dans le monde, à professer la foi de l’existence d’Allah, le Seigneur et le Créateur de l’univers !
Puis, peu à peu le nombre de convertis se mit à augmenter laborieusement.  Les esclaves qui tentaient de se convertir à l'Islam furent torturés et livrés au bon vouloir de leurs maîtres, tandis que les hommes libres étaient soumis aux provocations et aux intimidations de toutes sortes.  Afin d'échapper à la persécution des Mecquois qui devenaient de plus en plus agressifs et dangereux, Mohammed accorda à un groupe de croyants, l'autorisation d'émigrer en Abyssinie dont les habitants étaient Chrétiens. Leur chef, le Nadjaschi (Négus) était en effet apprécié pour son équité et son refus de cautionner l'injustice. On était alors dans la cinquième année de la mission prophétique. A partir de ce moment, les idolâtres devinrent plus hargneux contre le Prophète. Ils l'insultaient et le frappaient quand il paraissait dans le sanctuaire.
Déjà le nommé  'Oqba Ibn Abou Mo'aït, lui avait craché au visage pendant qu'il était dans le Temple. Un autre jour, Abou Djahl, le chef de la tribu des Makhzoun, qui lui avait interdit de prier près de la Kaâba  l'agressa et lui jeta sur la tête les abats de chameau, alors qu’il était prosterné, manquant de peu de l’étouffer.  Le même ‘Oqba, essaya une fois de l'étrangler avec une corde durant la prière. Puis Abou Djahl, encore lui, l'accabla d'injures en d'autres circonstances et le blessa à la tête à l'aide d'une grosse pierre. Cet incident devait amener la conversion à l'Islam de Hamza, l’oncle du Prophète, qui releva ainsi l'affront infligé à son neveu et qui fut d’un apport particulièrement apprécié.
Le Prophète ne réagissait jamais avec brutalité à ces attaques indignes. Au contraire, il continuait à prêcher et à prier avec plus de ferveur et de conviction. Les révélations s’intensifiaient prônant avant tout l'Unicité et la Toute-puissance Divine. Lorsqu'ils virent que leur comportement n'obtenait pas les résultats escomptés, les Mecquois changèrent de tactique et décidèrent d'excommunier le clan du Prophète. Désormais, il était interdit de parler aux Musulmans ou d'avoir des relations commerciales ou matrimoniales avec eux et aucune  paix ne saurait être conclue jusqu'à ce qu'ils livrent Mohammed. La situation de la petite communauté déjà très précaire, devenait insoutenable à la suite de cette exclusion,  qui devait  selon les souhaits de leurs auteurs, déboucher sur la reddition du Prophète. Mais loin d'être un moyen de pression, une telle mesure s'avéra être psychologiquement néfaste pour ses instigateurs. Une campagne de contestation fut déclenchée par une partie des Qoraïchites eux-mêmes qui refusèrent qu’un des leurs soit mis en quarantaine et la décision fut abrogée.
 A la mort d'Abou Talib  son protecteur,  le  Prophète fut de plus en plus en butte aux violences de ses ennemis. Il endura deux années encore, tout en révélant son Enseignement   aux Mecquois, mais comme la situation empirait toujours, il décida de se rendre à Taïf, une ville à trois jours de marche, sur la route du Yémen, afin de trouver la sécurité et la sérénité, qui étaient indispensables à la diffusion  de l’enseignement qu’il propageait.  Cependant, les chefs de la ville, influencés par les Mecquois, se liguèrent contre lui. Les habitants le traitèrent durement, lui jetant des pierres qui le blessèrent une nouvelle fois. Il dut retourner à La Mecque ou une autre déception l'attendait puisqu'il avait été déclaré hors la loi pendant son absence. Il chercha péniblement une protection que finira par lui accorder Mout'îm Ibn 'Adiy, un des hommes ayant participé à la levée du boycott contre le clan des Hachémites.
Le Prophète continuait à avoir des révélations et passait son temps à prier, à prêcher et à enseigner. La base du Coran s'élargissait chaque jour davantage, incluant progressivement des préceptes qui devaient démarquer l'Islam non seulement de l'idolâtrie et des autres formes de croyances, mais aussi du Christianisme et du Judaïsme, qui ont été altérés,  remaniés et délaissés. Cette année, comme de coutume, les habitants de Yathrib étaient venus nombreux, en pèlerinage à La Mecque. Fidèle à son habitude, le Prophète se rendit auprès d'un groupe de six personnes et leur présenta la nouvelle religion ; il leur récita quelques passages du Coran et ils furent séduits par les paroles merveilleuses qu’ils entendirent. Ils se convertirent sur le champ et retournèrent chez eux en promettant de parler aux gens de leur tribu  des Khazradj, ainsi qu'à leurs rivaux de toujours,  les hommes de la tribu des Aouss. Yathrib était effectivement divisée en deux tribus principales qui étaient opposées entre elles.
L'année d'après, la ville de Yathrib envoya une délégation de douze personnes pour prêter serment d'allégeance  au Prophète en reconnaissant l’existence d’Allah, le Seigneur et le Créateur de l’univers,  à l’exclusion de toute autre divinité. Les nouveaux convertis s’engagèrent à abandonner les pratiques de l’idolâtrie, de renoncer au vol, au meurtre des filles à leur naissance, pratique usitée à l’époque, ainsi qu’au mensonge et jurèrent de protéger le Prophète de la même façon qu'ils le feraient pour leurs propres personnes. Mohammed renvoya avec eux un homme versé en religion en vue de l'enseigner aux habitants de Yathrib.
Une année plus tard, une forte députation composée de soixante-dix hommes tous nouvellement convertis vint prêter un second serment appelé « serment de la guerre. » Aux clauses initiales s'y ajoutait l'obligation de combattre les ennemis du Prophète et de l’Islam,  jusqu'au triomphe de la nouvelle religion. Douze mandataires, garants de l'accord furent désignés. Le renforcement de la nouvelle puissance  inquiéta les Mecquois qui décidèrent de supprimer définitivement le Prophète, qui constituait  pour eux, désormais un danger réel. Toutefois, personne ne voulut prendre la responsabilité du crime, craignant la réaction du clan  des Hachémites auquel il appartenait. Après maintes propositions, les chefs mecquois convinrent de choisir un membre de chaque tribu et de commettre l'agression collectivement, de sorte que la tribu de Mohammed, ne pouvant combattre tout le monde, n’aurait d’autre issue que d'accepter le prix du sang.
Mis au courant du projet, le Prophète prit ses dispositions et accompagné de son ami Abou Bakr, ils quittèrent La Mecque pour Yathrib. Ce fut la Hidjra, date à partir de laquelle les Musulmans font partir leur nouveau calendrier lunaire, abandonnant ainsi le comput ancien qui tombait en désuétude à chaque événement important.  Le mot Hégire qui en dérive signifie émigration et non fuite ainsi que beaucoup d'orientalistes lui donnent, pour  concéder une connotation lâche et poltronne à cet événement et à la religion qu’il incarne. Malgré les poursuivants lancés à leurs trousses, le Prophète et son compagnon réussirent à  échapper et à rejoindre Yathrib en Septembre de l'année 622. Une nouvelle ère venait de s'ouvrir pour l'Islam, et plus tard pour le monde. La première mosquée musulmane fut édifiée à Qoba, un faubourg de la ville. Désormais, Yathrib portera le nom de Médine, diminutif de « Médinat en Nabi » ou la « ville du Prophète en arabe. » Désormais, la nouvelle religion allait s'épanouir plus librement. L'organisation du premier état musulman fut mise en place et le Prophète régla l'opposition traditionnelle séculaire des Tribus Aouss et Khazradj qui affaiblissait les deux camps. En outre, les Musulmans mecquois qui avaient rejoint Médine avant ou après l'Hégire furent intégrés dans la nouvelle société.
 Cependant, les Musulmans de Médine furent bientôt en butte à  l'hostilité de la communauté juive de la ville, qui avait des intérêts importants et qui  ne voyait pas d’un bon œil, cette nouvelle religion venir concurrencer la leur.  Lorsque l’opposition  devint  manifeste, le Prophète modifia selon un décret divin l'orientation de la prière afin de se démarquer des adversaires de l'Islam. Désormais, les Musulmans ne se tourneraient plus vers Jérusalem (El Qods), la ville des Prophètes,  comme les Israélites, ainsi qu’ils l’avaient fait jusqu’à présent, mais ils devaient  s’orienter vers le Temple  sacré  de la Kaâba, la Maison de Dieu, située à La Mecque et qui avait été construite par Abraham, aidé de son fils Ismaël, l’ancêtre des Arabes.
Le jeûne du Ramadhan fut également institué à Médine. La cité se dota d'une constitution, dont le texte a été conservé  jusqu’à ce jour, qui définit les droits et les devoirs des citoyens et de leur chef. La coutume privée fut abolie et remplacée par la loi coranique. Désormais, les affaires de la communauté entraient dans la compétence de l'organisme central à la tête duquel se trouvait le Prophète assisté d'un conseil, le « Medjlis choura ». Les dispositions en matière de défense et de politique extérieure furent prises, de même que fut institué un système d'assurances sociales pour les responsabilités lourdes. Les caisses de sécurité sociale étaient alimentées par des cotisations et des dons versés par les gens aisés, pour secourir les pauvres et aider les  nécessiteux.
 En matière de défense, le Prophète organisa des détachements armés pour sillonner le désert et intervenir en cas de besoin contre les éléments hostiles. Il y eut ainsi quelques escarmouches avec des caravanes mecquoises qui transitaient non loin de Médine,  qui occupait une position stratégique située entre le centre commercial de La Mecque et les débouchés syriens et palestiniens. Les relations avec les Mecquois étaient toujours très mauvaises. Ces derniers ne pouvant plus attaquer de front les Musulmans, qui constituaient désormais une puissance non négligeable, essayèrent d’affaiblir leur pouvoir en utilisant les Juifs qui résidaient à Médine. Ils avaient aussi recours à ceux que le Coran allait qualifier d'hypocrites, car bien qu’ils se fussent convertis à l’Islam,  sous l’égide de le chef ‘Abdallah Ibn ‘Obay,  ils ne rataient aucune occasion pour engendrer des troubles afin d’en tirer avantage. Ils restaient dans l’indécision, penchant chaque fois du côté de leurs intérêts.
Le Prophète dont la tête était toujours mise à prix, se fixa des objectifs qui visaient à réduire la puissance de ses ennemis et, bientôt une excellente occasion allait se présenter à lui. Le premier jour du mois de Ramadhan, il fut informé qu'une importante caravane composée d'un millier de chameaux chargés de marchandises s'apprêtait à emprunter un itinéraire qui la ferait passer non loin de là, en territoire sous contrôle médinois. La caravane était accompagnée de soixante-dix hommes, commandés par Abou Sofiane, un des plus puissants chefs mecquois.
Le Prophète réunit environ trois cents fidèles autour de lui et partit immédiatement à sa rencontre. Il ne put la rejoindre car elle avait quitté la région à marche forcée. En revanche, les Mecquois qui avaient eu vent du projet, réunirent neuf cents à mille combattants et se mirent en route, décidés à anéantir la puissance montante de l'Islam. La troupe était commandée par Abou Djahl, le chef suprême de La Mecque, qui était un ennemi irréductible de la nouvelle religion, mais aussi  de son Prophète qu’il avait agressé à plusieurs reprises.
Après quelques combats singuliers qui tournèrent à l'avantage des Musulmans, les deux armées s'affrontèrent farouchement à Badr, à l'aube du 17ème  jour du Ramadhan. Le Prophète dirigeait les opérations et encourageait ses combattants. Il priait  et implorait Dieu de l'assister dans son action. La confrontation dura toute la journée. Vers le soir, les infidèles furent mis en déroute, malgré leur avantage numérique. Leur chef Abou Djahl avait été tué, de même qu'un grand nombre de personnages de La Mecque. L'armée musulmane eut quatorze martyrs et des blessés. Cette première victoire de l'Islam était plus importante encore par ses conséquences psychologiques et son aspect politique. Son retentissement fut en effet immense. Les croyants qui ne doutèrent jamais de la justesse de leur cause, virent leurs sacrifices couronnés de succès. Quant aux Qoraïchites, non seulement ils furent blessés dans leur chair et leur orgueil, mais de plus, le cordon ombilical qui reliait leur cité marchande aux grands centres commerciaux syriens, palestiniens et ceux du moyen orient, était désormais à la merci des Musulmans. Or, La Mecque était  une ville commerciale et caravanière,  par conséquent très vulnérable si ses voies d'accès venaient à être coupées. Les Mecquois se devaient de relever ce double défi et s'y préparèrent activement.
Pendant ce temps le Prophète entreprit des expéditions contre quelques tribus arabes aux velléités belliqueuses. Il expulsa de Médine le clan juif des Béni Qaïnoqa, instigateur des troubles qui faillirent dégénérer sur une grande échelle et menacer l'ensemble de la communauté médinoise. Treize mois d'intenses préparatifs furent nécessaires aux Qoraïchites pour réorganiser leur armée. Celle-ci comprenait désormais les effectifs des tribus arabes idolâtres,  ainsi que des mercenaires enrôlés pour la durée de la campagne. Elle était commandée par Abou Sofiane, qui avait pris  la succession d’Abou Djahl et qui était accompagné de son épouse Hind, connue pour sa haine envers l'Islam, ainsi que quinze femmes chargées d'exciter les hommes au combat. L'armée formée de 3 000 guerriers se présenta aux portes de Médine, au mois de Chaoual (année 3 de l'Hégire).
Le Prophète fut d'avis de s'enfermer avec ses troupes  dans la ville et de soutenir un siège, car leur infériorité numérique les désavantageait pour combattre en rase campagne. D'autres Musulmans la majorité,  furent d’avis  d'aller affronter l'ennemi en terrain découvert. Finalement, il se rangea à contre-coeur à leur point de vue. L'armée musulmane comptait mille hommes. En cours de route trois cents d'entre eux firent défection à l'instigation de leur chef ‘Abdallah Ibn ‘Obay et retournèrent sur leurs pas. Ce dernier s'attendait à être couronné roi à Médine avant l'arrivée des Musulmans et se serait converti à l'Islam dans le but d'utiliser la religion pour parvenir à ses fins. Après le retrait de ceux qui allaient recevoir le titre « d’hypocrites », l'armée de Mohammed ne comprenait plus que 700 hommes. Elle s'attaqua néanmoins le lendemain avec bravoure aux Mecquois, quatre fois supérieurs et mieux armés. La mêlée fut très dure et malgré la disproportion des forces, les Musulmans commençaient à repousser les envahisseurs. Dans un mouvement de panique, ces derniers se mirent à fuir poursuivis par leurs adversaires.
Le théâtre des opérations était dominé par une colline d'environ trois cents mètres de haut, connue sous le nom de Djebel Ohod. Le Prophète y avait posté une cinquantaine d'archers, avec pour instruction formelle d'occuper ces positions stratégiques quelle que soit l'issue de la confrontation. Cependant, face à la déroute des Mecquois, les archers abandonnèrent leurs postes en dépit des consignes données et se mirent à poursuivre les fuyards dans le but de s’emparer d’une partie du butin. La situation fut immédiatement exploitée par Khalid Ibn Walid, commandant l'aile droite mecquoise qui chargea avec ses cavaliers les quelques archers  restés en poste avant de surgir sur les flancs des Musulmans. La bataille fut meurtrière. Dans la confusion, on annonça que le Prophète avait été tué. Les Musulmans, déjà submergés et blessés, perdirent courage à cette nouvelle et s’enfuirent ; en fait  le Prophète Mohammed n’avait été que blessé visage, il  tomba dans un fossé, mais ne put se relever en raison de sa lourde cuirasse.
Les pertes étaient de soixante-dix martyrs, parmi lesquels Hamza, l'oncle du Prophète, qui a été d’un apport considérable à l’Islam. Les païens se vengèrent sur les victimes d'une façon indigne. Hind, la femme d'Abou Sofiane arracha le foie de Hamza et en déchira un morceau avec ses dents. Son mari donnait des coups de lance sur le corps mutilé afin d'assouvir ses désirs longtemps refoulés
La bataille d’Ohod fut la première défaite des Musulmans mais, alors que ses ennemis pensaient qu'elle sonnerait le glas de la nouvelle religion, elle contribua au contraire à prouver la fermeté qui animait le Prophète et les fidèles. En effet,  trois jours après la bataille, des bruits coururent que l'armée mecquoise était de retour, pour achever son travail. Immédiatement, le Prophète réunit ses maigres effectifs encore valides (lui-même était blessé) et se lança à la rencontre des agresseurs. Arrivé en face d’Ohod, à un endroit nommé Hamra El Assad, il campa sur place et resta pendant trois jours à attendre ses ennemis. En vain, personne ne se présenta. Ne voyant rien venir,  il rentra à Médine avec ses troupes.
Les batailles de Badr et d’Ohod tiennent une place particulière dans l'histoire de l'Islam. La première avait démontré que la nouvelle religion était désormais en mesure de défendre ses acquis, et qu'il fallait compter avec elle. La seconde a été une victoire éclatante malgré son apparente défaite, car il était devenu manifeste que si l'ennemi pouvait remporter quelques batailles, il n'était plus en mesure d'anéantir la religion islamique. Il y eut par la suite plusieurs expéditions dirigées contre les éléments ou les tribus hostiles à la cause de l'Islam. Telles les campagnes de Radji, contre les Béni Nadhir, de Dhât ar Riqâ, Béni Qoraidha, etc.
 Les Juifs de Médine, étaient répartis en trois tribus principales et d'autres, de moindre importance. Les Béni Qaïnoqa qui avaient été à l'origine de troubles dont les conséquences auraient pu être fatales,  furent expulsés de Médine. Après avoir soutenu un siège de quinze jours, ils avaient été autorisés à prendre leurs biens avec eux. Le Prophète leur avait accordé un délai de trois jours pour leur permettre de recouvrer l'argent qui leur était dû. Quant aux Béni Nadhir ils disposaient d’une grande forteresse aux abords de Médine. Lorsque le Prophète s'était rendu chez eux pour leur réclamer leur part dans le prix du sang de deux Musulmans assassinés, conformément au traité en vigueur, ils essayèrent de le tuer par traîtrise. Il réussit à échapper à l'embuscade et leur adressa un ultimatum afin de quitter la région. Les Juifs s'apprêtaient à accepter ces conditions draconiennes, mais le chef des Hypocrites, Abdallah Ibn Obayy, celui-là même qui avait faussé compagnie  au Prophète, avec ses troupes, lors de la bataille d’Ohod,  les incita à rejeter la sommation en promettant son aide contre les Musulmans. Les Israélites, forts de cet appui, s'enfermèrent alors dans leur forteresse et se préparèrent à soutenir le siège. Le Prophète déclara l'ouverture des hostilités et les Béni Nadhir pressèrent le chef des Hypocrites d'intervenir comme prévu. Cependant, pour ne pas faillir à sa réputation, justement méritée, celui-ci fit la sourde oreille et les  abandonna  à leur sort
Le siège dura onze jours. A leur capitulation, les Juifs acceptèrent toutes les conditions qui leur avaient été dictées. Chaque chef de famille avait le droit d'emporter la charge d'un chameau en biens personnels. Avant leur départ, les Béni Nadhir détruisirent leurs maisons afin qu'elles ne tombent pas aux mains des Musulmans. Le Prophète incita ces derniers à participer aux démolitions pour montrer que ces biens ne suscitaient pas de convoitise de son côté.
Les chefs des Béni Nadhir se rendirent ensuite auprès d'autres tribus juives de Khaïbar et de Syrie, ainsi qu'auprès des Béni Qoraidha, qui étaient implantés à Médine afin de leur demander du secours pour combattre les Musulmans. Ils demandèrent également l'aide des Mecquois idolâtres, et une importante armée fut mise sur pied pour attaquer Médine. Averti des préparatifs, le Prophète ordonna de creuser sur les conseils d'un Persan nommé Salman, un fossé tout autour de la ville. Ce moyen de défense était inconnu à l'époque en Arabie et les agresseurs manifestèrent leur désappointement devant un pareil ouvrage qu'ils ne purent ni franchir, ni contourner.
Toutefois, les Béni Qoraidha étaient eux à Médine même. Leur alliance avec les Mecquois risquait d'ouvrir une brèche à l'intérieur du système de défense. Le Prophète décida de dépêcher sur les lieux plusieurs détachements armés pour surveiller les approches de leurs quartiers et déjouer toute tentative qui pourrait leur porter préjudice. De plus, afin de contrer la coalition, il eut recours à un astucieux stratagème qui sema la discorde entre les deux alliés.
Les Mecquois découragés par le système de défense adopté, et dépités par les exigences des Béni Qoraïdha qui leur demandaient la remise de leurs enfants comme gage de leur alliance, songèrent à lever le siège de Médine, sans avoir pu franchir le fossé (le khandaq)  et sans pouvoir le contourner. Leur départ devenait d’autant plus impératif que les vivres commençaient à  manquer, et qu’un grand vent s’était levé, qui renversa leurs tentes et qu’ils interprétèrent comme un mauvais présage. Après leur fuite précipitée, le Prophète décida d'en finir avec la sédition. Il rassembla les Musulmans et institua le blocus des citadelles juives. Au bout de 25 jours, les assiégés se rendirent sans condition. Un juge  fut désigné en la personne de Saâd Ibn Moâdh, chef de la tribu des Aouss, allié des Juifs et ceux-ci approuvèrent le choix.  Il était blessé à la main par une flèche et le sang ne cessait de couler. Tous les protagonistes s’engagèrent à respecter ses décisions. Et la sentence qu'il prononça fut implacable. Tous les hommes devaient être mis à mort, les femmes et les enfants vendus comme esclaves.
A l'annonce du jugement, ceux qui purent s'enfuirent, ne demandèrent pas leur reste, les autres subirent les rigueurs du jugement. Les sources parlent de 600 à 700 exécutions. Les auteurs occidentaux dans leur grande majorité, ont éprouvé un sentiment d'horreur face ç un tel comportement et n'ont pas manqué une occasion de décrier ces pratiques barbares. La mise à mort de plusieurs centaines d'hommes dans un jugement collectif n'était qu'une mascarade pour légitimer un massacre injustifiable. Ce sont des arguments rassasiés qui ont toujours été utilisés, conjointement par les Juifs et les Chrétiens, afin de desservir la cause de l'Islam. Il est cependant nécessaire de rappeler que la sentence a été prononcée par le propre allié des Juifs et que ceux-ci se sont conduits traîtreusement avec la complicité des Mecquois pour attaquer les Musulmans, alors que la constitution de Médine qui régissait les relations entre les communautés proscrivait une telle alliance.
 Aussi, face au parti-pris manifeste des Occidentaux, qui ne s’exprime qu’à sens unique, il est  utile  de remémorer à ceux qui crient à la tuerie et qui semblent être atteints d’amnésie, comment se sont comportés leurs propres prophètes, rois et prêtres bibliques, c'est-à-dire tous ces personnages qui se réclament des religions judéo-chrétiennes, durant leurs campagnes militaires. Cela édifiera les gens sur les mœurs d'alors et  permettra de mieux mesurer l'attitude des uns et des autres.
Selon la Bible, (Nombres 31), Moïse demanda à son peuple, (les Israélites), d'aller punir les Madianites pour le mal qui leur avait été fait. Leur œuvre accomplie, ils vinrent rendre compte à Moïse, au prêtre Elazar et à d'autres chefs, des résultats de leur mission. « Quoi, leur répondit Moïse, vous avez laissé la vie aux femmes ?...Tuez toutes les femmes qui ont été mariées, ainsi que tous les garçons. » Comme ses troupes ramenèrent 32 000 filles vierges, il est logique de  penser que Moïse avait  fait exécuter au moins autant de garçons qui étaient ses prisonniers et un nombre considérable de femmes. En tout, plus de cent mille morts.
Pour s'être opposé à la traversée de son territoire par les Israélites sous la conduite de Moïse, le roi Sihon vit son pays entièrement ravagé. Toutes ses villes ont été détruites  et mises à sac. « Et, (c'est Moïse qui parle) nous avons exterminé les hommes, les femmes et les enfants. Nous n'avons laissé aucun survivant. » (Deutéronome 2.34). Pour un simple droit de passage !
Poursuivant son chemin, Moïse arrive dans le pays de Bachan, attaque son roi Og, s'empare de soixante villes fortifiées : « Nous (c'est encore Moïse qui parle) avons complètement détruit toutes les villes, nous avons exterminé les hommes, les femmes et les enfants, comme nous l'avons fait pour le pays du roi Sihon de Héchébon...Nous avons pris le bétail ainsi que tous les biens trouvés dans les villes. » (Deutéronome 3. 6). Un calcul simple permet d’estimer  que les centaines de villages détruits,  devaient abriter au moins 200 à 300 000 habitants,  de tous âges et des deux sexes,  qui furent massacrés, jusqu’au dernier.
Josué a été le successeur de Moïse et l'Envoyé de Dieu. Lors de la bataille contre les Amorites, il aurait arrêté le soleil au-dessus de Gabaon et la lune sur le Val d'Ayalon jusqu'à la victoire des Israélites, (Josué 10. 13-14). Il attaqua le royaume d'Aï et fit 12 000 morts. Le nombre d'enfants n'est pas précisé mais en fonction  du taux de fécondité des anciens peuples,  leur nombre peut-être évalué à 30 000, au moins. « Les Israélites massacraient leurs ennemis en pleine campagne…Lorsqu'il n'en resta plus un seul en vie, ils regagnèrent la ville et exterminèrent le reste de la population, les femmes et les enfants qui s'y trouvaient. Josué garda sa lance brandie en direction d’Aï,  jusqu'à ce que toute la population soit décimée. » (Josué 8. 24 à 26). Auparavant, il avait pillé la ville de Jéricho dont les murailles s'écroulèrent sous le formidable cri de guerre poussé par les Israélites qui montèrent à l'assaut regardant droit devant eux. « Ils exterminèrent toute la population  de la ville, hommes et femmes, enfants et vieillards. Ils tuèrent même les boeufs, les moutons et les ânes. » (Josué 6.20). Le nombre d’habitants de la ville de Jéricho à cette époque est estimé à  40 000 ou 50 000 personnes, dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants. Tous massacrés.
Après avoir exécuté cinq rois amorites, Josué partit à la conquête         des villes du sud. Il s'empara de la ville de Maquéda, y fit mourir son roi et tous ses habitants. Il n'y laissa aucun survivant. Puis ce fut au tour de Libna, puis Lakich, Eglon, Hébron, Debir, etc. Il conquit d'autres villes, d'autres régions. En tout, il vainquit  trente-et-un rois. Partout les habitants furent massacrés, ne laissant aucun survivant. (Josué 10 à 12).   
 Le Prophète Samuel reçut sa mission après Moïse et Josué. Lui aussi battit les Philistins et les humilia. Il consacra Saül qui devint roi d'Israël, animé de l'Esprit du Seigneur,  avant de lui  ordonner d'aller attaquer les Amalécites qui avaient barré le passage aux Israélites. Ses instructions étaient de « détruire complètement tous leurs biens sans pitié et de mettre à mort tous les êtres vivants, hommes, femmes, enfants, bébés, boeufs, moutons, chameaux et ânes. Saül réunit 210 000 soldats et exécuta les ordres du Prophète Samuel à la lettre. Il attaqua par surprise les Amalécites de Ha¬vila  jusqu'à Chour à l'est de l'Égypte et massacra toute la population. » (Samuel 15. 1 à 18). Les effectifs considérables engagés dans ces tueries laissent penser  que le nombre des morts, toutes catégories confondues, devait être de plusieurs dizaines ou même plusieurs centai¬nes de milliers de personnes et ceci, sans compter le bétail ni la destruction des biens.
Lorsque Saül s'est détourné de Lui, le Seigneur choisit David comme nouveau roi d'Israël et L'a animé de Son Esprit. David était auparavant au service de Saül qu'il apaisait par sa musique. C'était un combattant intrépide. « Il battit les Moabites. Il les obligea à s'étendre par terre et fit mourir les deux tiers d'entre eux. Il battit  les Syriens de Damas et en tua 22 000. Il battit ensuite les Edomites dans la Vallée du Sel en leur causant 18 000 morts, et une nouvelle fois les Syriens, près du Jourdain où il tua 40 000 cavaliers. Il combattit les troupes d'Absalon dans la forêt d'Ephraïm leur infligeant 20 000 morts et ceux qui perdirent la vie en forêt furent plus nombreux que ceux qui moururent au combat. (Samuel 8. 10 à 18). «  Quand David combattait le Royaume d'Edom, le chef de son armée, Joab fit mourir tous les enfants et tous les hommes édomites. En effet, Joab et son armée restèrent six mois à Edom pour y massacrer les enfants et les hommes. » (Rois 1. 15-16).
David a été un grand roi et un grand guerrier au point que lorsqu'il voulut construire un Temple pour déposer le coffre de l'Alliance, Dieu l'arrêta en lui disant : « Ce n'est pas toi qui construiras un Temple où l'on viendra M'adorer, car tu es un homme de guerre et tu as fait couler beaucoup de sang. » (Chroniques 28. 3) Même le Dieu biblique fut effrayé par ses « exploits » !
Après David,   il est nécessaire d’arrêter le décompte macabre des crimes et des carnages commis par les Israélites, selon les Livres Sacrés du Judéo-christianisme. Non que le sujet soit épuisé au contraire, la Bible reste fournie en faits d'armes qui défient l'imagination. Mais, les Musulmans rejettent ces versions qui ont été falsifiées et altérées par les prêtres et les docteurs de la loi. Ils ne peuvent en effet concevoir que Dieu ordonne le massacre systématique d'enfants, de bébés, d'êtres innocents, ou qu'il impose à Ses Elus, Sa Volonté d'exécuter un tel Commandement, que rien ne saurait justifier, dut-il émaner du Dieu biblique. Pour les Musulmans, Dieu est l'Etre Suprême qui inonde l'univers de Sa Miséricorde. Il interdit le carnage et le crime crapuleux. Le massacre d’êtres innocents, d’enfants et de bébés sans défense, est un acte monstrueux que rien ne justifie et qui encourt la malédiction divine.
Le Prophète Mohammed  que la Salut et la Bénédiction de Dieu soient répandus sur lui, a interdit le meurtre des femmes et des enfants à la guerre, alors même qu'ils appartiennent au clan ennemi. Un homme aussi éminent,  se distingue de tous les autres Prophètes, rois et prêtres qui sont décrits dans la Bible, par son humanisme, sa magnanimité et sa mansuétude et ce en dépit des campagnes mensongères qui sont menées par les ennemis de l’Islam, pour le confondre. Il savait pardonner mieux que quiconque dans l'adversité et encore plus dans la pleine possession de la puissance. Jamais il n'a ordonné, commis ou couvert l'assassinat gratuit d'hommes, d'enfants ou de femmes, ni détruit le bétail ou jeté le sel sur les terres pour les stériliser, pratiques couramment usitées dans la Bible. Même les ennemis de l’Islam, ne peuvent invoquer de telles pratiques à son encontre, alors qu’ils sont si prompts au dénigrement et à l’abjection, oubliant leur propre histoire.   
Lorsqu’il occupa militairement, mais pacifiquement La Mecque, il prononça une amnistie générale en faveur de ses habitants idolâtres, qui avaient été ses ennemis les plus redoutables, et qui s'étaient alliés avec toutes les tribus arabes païennes et juives, pendant plus de vingt ans pour le tuer et anéantir la religion musulmane.  Des dix personnes condamnées à mort précédemment (6 hommes et 4 femmes), toutes celles qui sollicitèrent sa grâce, l'obtinrent immédiatement et jouirent d'une liberté totale. Même Hind qui organisa l'assassinat de Hamza et dévora son foie, et aussi l'esclave El Ouahchi qui commit le crime. Pourtant, le Prophète était au faîte de sa puissance, il aurait pu anéantir systématiquement les Mecquois et s'emparer de leurs richesses, sans aucune conséquence fâcheuse. Ceux-ci n'auraient pas hésité à agir de la sorte envers lui, si l'occasion leur avait été donnée.
Cependant, Dieu Lui inspira un comportement plein de dignité et d'humilité. Il réunit les habitants et leur dit : « Louanges à Allah, qui a fait triompher Son serviteur et qui réalise la promesse qu'Il lui a donnée. En effet, Il m'avait promis de me ramener à La Mecque, Il l'a fait et Il a mis en déroute mes ennemis. » Puis Il ajouta : « Habitants de La Mecque, comment dois-je agir envers vous ? » Sohail Ibn 'Amr qui était païen (celui-là même qui refusa de reconnaître la qualité de Prophète à l’Envoyé de Dieu), se leva et dit : « Je pense que toi, noble Qoraïchite, issu d'une famille noble, qui reviens dans ta patrie triomphant, tu as l'intention de traiter avec pitié les vieillards, d'amnistier les jeunes gens, d'épargner les femmes et les enfants, de les gracier, de leur pardonner et de leur laisser la liberté. » A ces paroles, le Prophète versa de chaudes larmes, et les Mecquois pleurèrent aussi et sanglotèrent. Puis il s’adressa aux Mecquois : « Ô Mecquois ! Je vous dirai ce qu'a dit mon frère Youssef (Joseph) à ses frères : « Je ne vous ferai pas de reproches aujourd'hui; Dieu vous pardonnera, car Il est le Miséricordieux d'entre les miséricordieux. » Puis il monta sur son chameau et partit vers la tente qui a été dressée pour lui. »
 Les orientalistes qui, à l'image de Maxime Rodinson et de tous les autres, qui sont légions, y compris au plus haut niveau des institutions religieuses du Judéo-christianisme, persistent à déformer la réalité, et à inverser les rôles,  en continuant à taxer Mohammed de « Prophète armé », seraient bien inspirés de retourner aux sources de l'histoire et d'y puiser les enseignements qui leur font défaut, ou que par un calcul mesquin, ils cherchent à cacher sous le manteau d’une diversion, qui a été éventée depuis longtemps. Ils verraient alors que selon l'Ancien Testament, les Prophètes bibliques étaient comparativement au Prophète Mohammed, que le Salut et la Bénédiction d’Allah, soient sur lui,  d’une sauvagerie inouïe, d’une barbarie inimaginable.  Rien ne pouvait assouvir leur soif de sang.  Sauf  les montagnes de cadavres, de leurs ennemis et de leurs familles exterminées, ainsi que celles de leurs animaux.
 En dehors des événements relatés par l'Ancien Testament, les exemples  de massacres à grande échelle commis par les occidentaux  foisonnent à travers l’histoire et le monde.  La prise de Jérusalem par les croisés en 1099,  pour ne citer que cet exemple, cinq siècles après l'avènement de l'Islam, à une époque où les mœurs s'étaient prétendument adoucies, en est une preuve flagrante. La croisade formée de plusieurs dizaines de milliers d'hommes accourus de l'Europe entière à l'appel de prédicateurs hystériques comme Pierre l'Ermite, trouva en la personne du pape Urbain II, un inconditionnel fanatique et intolérant qui alla jusqu'à absoudre tous les péchés des agresseurs passés et  ceux qui seraient à commettre durant les croisades !!!  Auréolée des bénédictions pontificales appropriées, la « horde de la foi »,  ayant à sa tête le duc de Basse Lorraine, Godefroy de Bouillon, le comte d'Edesse, Baudouin 1 er Bohémond, le futur prince d'Antioche, le prince de Sicile, Tancrède, le comte de Toulouse, Raymond IV, le comte Hugues de Vermandois, le comte Etienne de Blois, Robert Il, etc., en un mot, toute l'élite et la crème de la noblesse européenne, assiégea la ville sainte du 7 Juin au 15 Juillet 1099, jour malheureux de sa chute.
 Alors commença un carnage indescriptible, une boucherie effroyable, qui devait durer sept jours pleins. Tout ce qui avait un souffle de vie fut massacré. Les atrocités commises par les « soldats du Christ », ainsi que les appelait l'historien Aboul Fidâ, dépassaient l'entendement. « Hommes, femmes, enfants, vieillards, rien ne fut épargné. Le génocide fut systématique. Un bain de sang inonda la ville et les cris et les lamentations des Musulmans devant tant d'horreurs montèrent jusqu'au ciel. » L'Archevêque Guillaume de Tyr qui prêcha la troisième croisade et qui n'avait donc aucune sympathie pour les Musulmans, rapporte que « la ville présentait en spectacle un tel carnage d'ennemis, une telle effusion de sang, que les vainqueurs eux-mêmes en furent frappés d'horreur et de dégoût. » Les sources les plus dignes de foi,  parlent d’au moins 70 000 morts, cent fois plus que chez les Béni Qorâidha à Médine.
Les chroniqueurs n'ont pas manqué de mettre en parallèle le comportement des « soldats du Christ » et celui des Musulmans à propos de la prise de Jérusalem. La Ville Sainte fut en effet occupée par ces derniers en Février 636. « Ce jour-là, le Khalife Omar Ibn Khattab, compagnon du Prophète Mohammed avait fait son entrée sur son célèbre chameau blanc, tandis que le patriarche grec de la ville sainte s'avançait à sa rencontre. Le Khalife avait commencé par lui assurer que la vie et les biens de tous les habitants seraient respectés, avant de lui demander de lui faire visiter les lieux sacrés du Christianisme. Pendant qu'ils se trouvaient dans l'Eglise de la Qyama (le Saint Sépulcre), l'heure de la prière étant arrivée, Omar avait demandé à son hôte, où il pourrait étendre son tapis pour se prosterner. Le patriarche l'avait invité à se prosterner sur place, mais le Khalife avait répondu : « Si je le fais, les Musulmans voudront demain s'approprier ce lieu en disant : « Omar a prié ici. »  Et, emportant son tapis, il était allé s'agenouiller à l'extérieur. Il avait vu juste, car c'est à cet endroit même que l'on allait construire la mosquée qui porte son nom. Les chefs francs n'ont pas, hélas  cette magnanimité. Ils fêtent leur triomphe par une tuerie indescriptible puis saccagent sauvagement la ville qu'ils prétendent vénérer. » (Amine Maalouf : Les croisades vues par les Arabes). Mêmes vues par le diable, elles laisseront toujours les gens pétrifiés d’horreur. Parce que de telles pratiques sont indignes du genre humain.
Mais Jérusalem n'est qu'un exemple des massacres collectifs  et des tueries organisés par les Occidentaux, que ce soit dans le cadre des croisades, des conquêtes coloniales, esclavagistes, territoriales, que des luttes de libération nationales. C'est par dizaines de millions de morts, toutes catégories confondues que se chiffrent les victimes malheureuses et innocentes du bellicisme occidental. Aussi les historiens qui se posent en redresseurs de tort, en falsifiant l'histoire universelle et en passant sous silences leurs propres turpitudes, doivent méditer ces recommandations de Jésus, puisées dans leurs propres livres sacrés :
« Ne vous posez pas en juge, avait dit Jésus, afin de ne pas être jugés, car c'est de la façon dont vous jugez qu'on vous jugera, et c'est la mesure dont vous vous servez qui servira contre vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la vois pas ? Alors comment vas-tu dire à ton frère : « Attends,  que j'ôte la paille de ton œil ? ». Mais voilà, la poutre est dans œil ! Homme au jugement perverti, ôte d'abord la poutre de ton œil et alors tu verras clair pour ôter la paille de l'œil de ton frère. » (Matthieu 7.1 à 15). Dans la mesure où ces propos reflètent véritablement la situation, il semble superflu d'ajouter des commentaires.

EXPANSION DE L'ISLAM
Après les Béni Qoraïdha, il y eut encore trois autres expéditions mineures avant celle de Hodaïbiya qui s'est déroulée la sixième année de l'Hégire. Le Prophète décida d'accomplir le pèlerinage à La Mecque en compagnie de sept cents hommes désarmés pour éviter de provoquer les Mecquois. Arrivée à Hodaïbiya, la caravane fit halte et Mohammed chargea son compagnon Othman Ibn Affan, d'informer les Qoraïchites de leurs intentions pacifiques. Mais, contrairement à la tradition établie, ceux-ci refusèrent l'entrée de la ville aux pèlerins et émirent des conditions qui semblèrent inacceptables aux Musulmans. Ils exigeaient, outre l'annulation du pèlerinage et son report d'une année, la conclusion d'une trêve de dix ans et la restitution des transfuges mecquois sans contrepartie pour les Médinois qui ne pouvaient récupérer leurs fidèles.
A la surprise générale, le Prophète accepta les termes du traité. Il fit même une autre concession qui parut  humiliante aux Musulmans et dont il a été question, plus haut. Dans la formule liminaire du traité, Ali le cousin du Prophète avait écrit : « Au Nom de Dieu, Clément et Miséricordieux. » Sohaïl le négociateur mecquois s'écria : « Nous ne connaissons ni le Clément, ni le Miséricordieux, écris comme nous avons l'habitude d'écrire : « En Ton Nom, Ô Dieu. » Arrivé à la désignation des parties contractantes, Ali écrivit : « Mohammed Envoyé de Dieu ».  « Nous ne reconnaissons pas Mohammed comme Prophète, sans quoi nous ne lui aurions pas interdit l'entrée de la Kaâba, écris : « Mohammed, fils d’‘Abdallah. » Ali se fâcha et jura de ne pas rayer les mots litigieux. Ce fut le Prophète lui-même qui les annula.  Le traité fut ensuite rédigé dans sa forme définitive  et signé par les deux parties.
Les Musulmans étaient mécontents aussi bien de la forme que du contenu. Cependant, contre toute attente, le Prophète éprouva la satisfaction d'avoir conclu un pacte  avantageux pour l’Islam. Quelque temps plus tard, en effet, les termes qui semblaient inacceptables aux fidèles,  commencèrent à donner les fruits attendus, qui contribuèrent à la consolidation et à l'expansion de l'Islam. Les Musulmans avaient été surtout choqués par le comportement des négociateurs mecquois et déçus de n'avoir pu accomplir le pèlerinage. Mais le Prophète avait des objectifs stratégiques, qui s'intégraient dans une politique à long terme et les apparentes concessions accordées, n'allaient pas tarder à jouer en faveur de la nouvelle religion.
          Le fait d'avoir négocié et signé un traité avec le Prophète, que le Salut et la Bénédiction d’Allah soient sur lui,  équivalait à reconnaître son autorité sur les Musulmans, sur les habitants de Médine et sur les tribus qui leur étaient inféodées, ce que les Mecquois avaient toujours refusé d'admettre auparavant. La trêve de dix ans qui a été décrétée,  fut mise à profit pour renforcer l'organisation religieuse, politique et administrative des territoires occupés par les Musulmans. Le report du pèlerinage loin d'être une concession devait s'avérer comme une démonstration de force. Ils étaient 700 hommes désarmés la première fois, ils seront 2 000 tous armés et équipés l'année suivante. Par ailleurs, les Mecquois auraient à quitter la ville pendant trois jours afin de laisser les pèlerins remplir leurs obligations, ce qui aurait été inconcevable auparavant. L'accomplissement du pèlerinage à une si grande échelle eut un impact psychologique considérable.
La troisième clause, d'une portée plus limitée n'avait pas eu non plus les effets escomptés par les idolâtres. Elle faisait interdiction aux Musulmans de réclamer les transfuges médinois, qui se réfugieraient auprès des idolâtres mecquois. Dans ce cas, il ne pouvait s'agir que d'apostats et les Musulmans n'avaient que faire de cette qualité de traitres, sinon de les exécuter ainsi que l’exigeait la pratique ; ils ne réclamèrent donc pas leur  récupération. La deuxième partie de la clause  qui prévoyait de renvoyer à La Mecque les nouveaux convertis à l'Islam allait connaître quant à elle, un dénouement inattendu. Découragés par un tel obstacle, et plutôt que de rejoindre Médine et d'être extradés, les Mecquois nouvellement convertis à l’Islam, constituèrent dans le désert une organisation « d'éléments incontrôlés » qui s'attaquèrent aux caravanes des idolâtres qoraïchites, leur menant la vie dure.
Devant la tournure des événements, les responsables mecquois demandèrent une révision de la clause  en question et insistèrent pour que le Prophète prenne sous son contrôle ces éléments qui étaient livrés à eux-mêmes. Désormais, ces derniers pouvaient être accueillis librement à Médine et cela à la demande de leurs ennemis ! Dans la rédaction des clauses de style, l'amputation de la formule introductive ne changeait rien au fait que Dieu était bien le Clément et le Miséricordieux,  et que le Prophète Mohammed tout en étant le fils d’Abdallah soit également l'Envoyé de Dieu. Les Mecquois devaient d'ailleurs bientôt l'apprendre à leurs dépens. Ainsi s'explique la révélation coranique qui parle « d'une victoire éclatante », là où les fidèles musulmans avaient cru trébucher sur un revers humiliant. Le Coran dit : « Nous t’avons accordé une victoire éclatante, afin qu’Allah te pardonne tes péchés passés et futurs, qu’Il parachève Sa Grâce en toi et te dirige sur la voie droite. Allah te donne un puissant secours. C’est Lui qui a fait descendre la quiétude (sakina) dans le cœur des croyants, afin que leur foi augmente. » (Coran. 48. 1 à 4) Le pacte de Hodaïbiya allait permettre au Prophète de passer à la vitesse supérieure en donnant au Message coranique la résonnance internationale qui lui manquait encore.  La nouvelle religion venait de sortir de son milieu régional et étendait son emprise.  L’Envoyé de Dieu députa huit ambassadeurs porteurs de messages personnels auprès des dirigeants des principaux pays de la région, pour les convier à l'Islam. Les sources historiques précisent qu'il s'agit de :
1.  L'Empereur byzantin d'orient Héraclius 1er.  
2. Le roi sassanide Khosro II, roi de Perse.
3. Le Négus (Nadjaschi) AI Adhkham, roi d'Abyssinie.
4. Le Gouverneur des Coptes (Egypte), Muqauqas.
5. Le Gouverneur de Syrie, Harith.
6. Le Prince du Yemama, Haudsa.
7. Le Prince d’Oman, Djaffar Ben Djolonda.
8. Le Gouverneur de Bahreïn.
 Les émissaires lui rapportèrent des réponses différentes. Le roi d'Abyssinie accepta sa conversion à l'Islam. Le gouverneur copte d’Egypte,  répondit par une missive bienveillante mais ne renia pas le Christianisme. Le roi de Perse Khosro II, déchira la lettre et ordonna à son gouverneur du Yémen de capturer Mohammed ou de lui ramener sa tête, pour avoir osé s’adresser à un personnage de son rang. Il ne put savourer ce plaisir et fut assassiné par son propre fils Kavâdh-Schiroui, en l’an 628, qui le remplaça à la tête du royaume et annula les ordres de son père. D'autres ne donnèrent pas de réponse. Mais cela est tout à fait secondaire. L'objectif que s'est assigné le Prophète avait été largement atteint. La religion musulmane était sortie de sa coquille et partait à la conquête du monde. Les premiers ambassadeurs de l'Islam avaient ouvert la voie à la diffusion du Message divin qui s'est réalisée avec une rapidité extraordinaire. Quelques années plus tard, la presque totalité de ces territoires,  adoptaient la religion islamique.
Comme convenu lors du traité de Hodaïbiya vint le temps du pèlerinage. Le Prophète laissa les armes et les chevaux en dehors de la ville mais suffisamment près pour parer à toute éventualité. Les Mecquois sortirent de la cité, livrée pendant trois jours aux pèlerins musulmans, qui s'adonnèrent pour la première fois dans l’histoire de l’Islam,  au rituel sacré prescrit par la nouvelle religion, qui n'a pas varié à ce jour. Les idolâtres furent impressionnés par la foi ardente des croyants, ce qui devait amener un peu plus tard la conversion d'hommes célèbres comme Khalid Ibn Walid ou 'Amr Ibn El 'As, les deux généraux de l’Islam, considérés comme les meilleurs stratèges de l’époque, qui furent les artisans de grandes victoires. Après avoir effectué le « petit pèlerinage » ou « Omrat el Qada » qui a lieu en dehors de la période traditionnelle du grand pèlerinage appelé « Hadj », les Musulmans quittèrent la Mecque comme convenu et les idolâtres reprirent possession des lieux sacrés.
Au cours de la huitième année de l'Hégire, il y eut plusieurs expéditions avant celle de Mou'ta qui mit aux prises un contingent de l'armée musulmane et une armée chrétienne composée d'Arabes ghassanides et de Byzantins. Les effectifs de l'armée chrétienne étaient considérables. Les chroniqueurs parlent de 100 à 200 000 combattants contre 3 000 guerriers pour les Musulmans. Malgré l’énorme disparité des forces, le combat s'engagea en territoire ennemi. Zaïd, l’ancien esclave et fils adoptif du Prophète, qui commandait le détachement ainsi que ses deux adjoints furent tués de même que nombre d'autres Musulmans. Khalid Ibn Walid, que le Prophète avait surnommé « L'Epée de Dieu » et qui avait été la cause de la défaite des Musulmans à Ohod,  lorsqu’il était encore idolâtre, prit le commandement, réorganisa ses troupes et  lança une offensive. Cependant, les forces adverses étaient trop nombreuses. Les Musulmans durent décocher et revenir à Médine. Il est intéressant de signaler que dans les instructions qu'il leur avait données avant le départ, le Prophète recommanda à ses troupes d'épargner les enfants, les femmes, les vieillards ainsi que les moines et de ménager les maisons, les cultures et les arbres. Une attitude à mettre en parallèle avec les faits d’armes bibliques et les conquêtes coloniales et les conséquences à tirer d’un tel enseignement.
Au retour de cette expédition, le Prophète entreprit les préparatifs afin  de délivrer La Mecque de l’idolâtrie. Le traité qui régissait les relations entre les Musulmans et les Qoraïchites venait en effet d'être rompu à l’initiative de ces derniers et les Musulmans n'étaient plus tenus de respecter des engagements devenus caducs. Une armée de 10 000 combattants fut mise sur pied. Elle était commandée par les meilleurs généraux et avait à sa tête le Prophète en personne. Elle arriva en vue de La Mecque au mois de Ramadhan (Janvier 630). Son importance jeta le désarroi dans le coeur des idolâtres. Ils dépêchèrent Abou Sofiane pour tenter une ultime démarche et retarder une échéance, qui avançait à grands pas. Elle fut  vouée bien évidemment à l'échec. Il ne restait plus à ce dernier qu'une seule chance de sauver la situation et sa propre vie : se convertir à l'Islam. Et là, il a dû certainement sentir tout le poids de la Clémence et de la Miséricorde que ses agents avaient cru dénier au Seigneur de l’univers, lors de la conclusion du traité de Hodaïbiya par ses sbires. C'est de par ces nobles vertus propres à la religion musulmane que lui furent pardonnés et sa rébellion contre l'Islam, durant vingt ans, et tous les crimes dont il était tenu responsable en sa qualité de chef mecquois des idolâtres.
Le Prophète alla encore plus loin dans la mansuétude et annonça que quiconque se réfugierait dans la demeure d'Abou Sofiane serait en sécurité. Comme ses ennemis étaient trop nombreux pour tenir dans la maison de ce dernier, il ajouta : « Celui qui se réfugiera dans la Maison Sacrée de la Kaâba, sera en sécurité et celui qui jettera ses armes et s'enfermera chez lui sera aussi en sécurité. » Ainsi, alors qu'il était puissant,  victorieux et que rien ne pouvait lui résister, il offrit avec son coeur la sécurité et la paix à  ses ennemis.  Une  grandeur d'âme et une  noblesse de comportement, inconnue dans l’histoire de l’humanité, tant ancienne que contemporaine, aussi bien en Orient qu’en Occident !
Les Mecquois se concertèrent pour arrêter une ligne de conduite. Finalement et en dépit des renforts de leurs confédérés ils estimèrent qu'ils n'étaient pas en mesure de s'opposer aux Musulmans et s'enfermèrent dans leurs demeures, afin d’avoir la vie sauve. Le Prophète divisa ses troupes en plusieurs unités et investit la ville des quatre côtés à la fois. Une faible résistance d'irréductibles se manifesta, mais elle fut vite réduite au silence. Il s'avança vers le Temple Sacré de la Kaâba et fit son entrée solennelle le 20 du mois de Ramadhan. Il était monté sur une chamelle et ne cessait de se prosterner en signe d'humilité et en hommage à la Gloire d’Allah, le Seigneur  et le Créateur de l’univers.
 Les idoles qui encombraient la Maison Sacrée furent enlevées et brisées.  Les sources historiques parlent de 360 statues, dont la plus grande par ses dimensions et aussi la plus vénérée Hobal, fut projetée à terre et placée devant le seuil de la Kaâba, afin que  ceux qui  pénètrent  dans le Temple, puissent la fouler aux pieds et démontrer son inanité.  Les Mecquois, du moins ceux qui étaient encore habités par l'idolâtrie n'en revenaient pas de voir leurs dieux abattus, détruits, pulvérisés  et utilisés comme marchepieds par les pèlerins musulmans. Il est évident qu'au fond de leurs cœurs, nombre de polythéistes endurcis ne s'étaient pas privés d'appeler de tous leurs vœux quelque calamité vengeresse, pour punir ces derniers de leur ignoble forfait. Mais rien ne se passa. Figées dans leur éternelle stupidité, les statues étaient écrasées, broyées, anéanties par ces hommes nouveaux qui vouaient un culte unique  à Allah,  le Seigneur et Créateur de l'Univers.  Et,  chaque fois qu'une idole était délogée de son socle et s'abîmait à terre, un  cri sortait des milliers de poitrines réunies autour de la Maison Sacrée : « Allahou  Akbar ! », (Dieu est le Plus Grand !).
Lorsque la Kaâba fut débarrassée des vestiges de l’idolâtrie qui l'encombraient et des représentations profanes, le Prophète Mohammed, que le Salut et la Bénédiction d’Allah,  soient sur lui, entra et accomplit une prière dédiée à la Gloire d’Allah. Puis après avoir prononcé les  louanges d’usage, à Son intention, il s'adressa à la foule anxieuse et apeurée qui s’était massée, en prononçant cette formule  désormais célèbre : « Habitants de la Mecque, comment dois-je agir envers vous ? »
La suite de ce discours a été développée plus haut, lorsque  Sohaïl Ibn 'Amr qui était encore idolâtre,  se leva et dit : « Je pense que toi qui est un noble Qoraïchite, issu d'une famille noble, qui reviens dans ta patrie triomphant de tes compatriotes, tu as l'intention de traiter avec pitié les vieillards, d'amnistier les jeunes gens, d'épargner les femmes et les enfants, de les gracier tous, de leur pardonner et de leur laisser la liberté. » Après son pardon, le Prophète  regagna sa tente.
Le lendemain et pendant trois jours, les Mecquois vinrent prononcer la formule de foi et prêter serment  d’allégeance et de fidélité devant le Prophète. Cette formule consiste à dire : « Il n’existe  aucun autre dieu en dehors d’Allah et Mohammed est Son Prophète. » Puis, de petites expéditions furent lancées contre les tribus environnantes pour obtenir leur soumission. C'est au cours de l'une d'elles que furent détruits les sanctuaires consacrés aux deux autres idoles vénérées par les Arabes idolâtres: Manât et Al'Ozza.
Après avoir délimité le périmètre du territoire sacré de La Mecque, le Prophète fut informé qu’une menace militaire se profilait à quelques deux ou trois jours de marche, à l'Est. Il s'agissait d'une coalition formée par les tribus des Béni Hawazin, des Béni Hillal et des Thaqif qui parvinrent à lever une armée  composée de 30 000 guerriers, qui se disposaient à passer à l’attaque. Le Prophète prit les devants et partit à leur rencontre à la tête d’une troupe de 12 000 combattants. Le 30 Janvier 630, ils arrivèrent à Honaïn et furent impressionnés par l'énorme masse humaine qui se présentait devant eux. Leur chef avait en effet décidé de faire suivre les guerriers par les femmes, les enfants et leurs troupeaux de bétail. Le tout constituait une mer qui ondulait  et ondoyait sous le soleil, à perte de vue. Dès le début de l’action, les Musulmans éprouvèrent les pires difficultés face à cette multitude et  nombre d’entre eux  furent tués ou blessés. D'autres s'enfuirent. Mais le Prophète qui était entouré de ses fidèles, fut stoïque et tint bon.
 Dans le désordre indescriptible des combats, il réussit à rallier une partie de son armée en pleine déconfiture et lança des charges furieuses et répétées contre le corps principal de l'armée ennemie, jusqu’à rompre leurs rangs et désorganiser leur système de défense.  Ce fut alors une  panique générale parmi leurs troupes. Les combattants s'enfuirent de tous les côtés, abandonnant leurs femmes et leurs enfants, leurs troupeaux et  leurs biens, pour se réfugier à Taïf, ville fortifiée. Cette même ville dont les habitants, chassèrent le Prophète au  début de son apostolat, lorsqu’il est venu chercher protection.
La ville fut assiégée durant vingt-cinq jours par les troupes musulmanes, mais refusa  de se rendre. Les Musulmans se retirèrent alors, non sans ramener avec eux,  en guise de butin, les familles des vaincus et un  butin considérable. Constatant qu'ils avaient tout perdu dans les combats, ces derniers se convertirent à l'Islam et vinrent réclamer leurs familles. Ils savaient  qu’il ne leur restait que ce moyen pour échapper à un sort qui aurait pu être autrement plus dramatique. Après leur conversion, leurs biens et leurs familles leur furent restitués,  et ils furent libres de leur personne. La défaite des Hawazin mit un terme, du moins en Arabie, aux grandes concentrations guerrières agressives. C’est aussi à Taïf que fut détruite, l’autre idole, appelée Al Lat.
Puis, le Prophète effectua une visite en état pénitentiel des lieux saints de La Mecque avant de retourner à Médine, la ville qui lui avait offert l’hospitalité à ses débuts.  Là, il apprit que les Ghassanides (Arabes chrétiens) se préparaient à nouveau à la guerre et menaçaient leur sécurité. En pleine chaleur d’été, il organisa une expédition de 30 000 hommes et se rendit à Tabouk, à 600 kilomètres au nord, aux confins de la frontière syrienne. Il ne rencontra pas l'armée byzantine et établit son campement sur place. Les tribus d'alentour, impressionnées par le déploiement de forces, vinrent prêter des serments d'allégeance et le Prophète leur délivra des lettres de paix, qui leur assuraient la sécurité et la protection des troupes musulmanes.
Après quelques semaines de halte, il retourna à Médine. Désormais son autorité et son influence s'exerçaient pratiquement sur toute l'Arabie et sur une partie des territoires environnants. Des coins les plus reculés de la péninsule, des délégations de tribus se pressaient à Médine pour se convertir, établir des alliances et solliciter la sécurité. Une nouvelle ère venait de commencer dans la région. Elle allait s'étendre sur une partie notable du monde. Le Prophète réorganisa l'administration et nomma des agents pour son fonctionnement. Durant la neuvième année de l'Hégire, il interdit aux païens, aux idolâtres et aux incroyants,  de s'approcher de la Maison Sacrée. L'année suivante, il décida d'accomplir le pèlerinage (Hadj) à la Kaâba, à l’occasion de l’Aïd el Adha. L'événement eut un tel retentissement qu'il regroupa 140 000 personnes.
Mohammed se présenta en état d'ihram (sacralisation) à La Mecque monté sur une chamelle blanche, en répétant la formule suivante : « Me voici à Toi, ô Allah ! Me voici venant à Toi. Tu n'as pas d'associé. A  Toi Seul les Louanges, l'Adoration, l'Autorité Suprêmes. » Puis il exécuta les différents rites avant de se rendre au Djebel Rahma, à Arafat et de prononcer son discours d'adieu. Il rappela les principes fondamentaux du Coran, exhorta les pèlerins à s'y conformer en toutes circonstances et les invita à transmettre le message aux contrées éloignées et aux générations futures. A chaque recommandation, il s'arrêtait et posait la question suivante : « Ai-je communiqué le message ? « Oui,  répondait la foule émue aux larmes. » Il reprenait : « Ô Allah, Sois en témoin ! »
Quand il eut  terminé son discours,  le vendredi  9 Dou l'Hidja, il descendit dans la vallée sur le dos de sa monture ;  alors il reçut la dernière et ultime révélation qui devait mettre un terme au Coran et clore  définitivement le cycle des religions divines et des Envoyés de Dieu, à destination de l’humanité. Désormais, jamais plus un Elu de Dieu, n’apparaîtra sur terre  pour  s’adresser au genre humain et communiquer un Message divin. L’ère des révélations divines qui  débuta avec Adam, venait de prendre fin, avec le Prophète Mohammed, le sceau des Messagers de Dieu,  que le Salut et la Bénédiction d’Allah soient sur lui. La chamelle ploya sous le poids de l’ultime révélation et allongea sa tête sur le sol en signe de soumission. (C’est Dieu qui parle) : « Aujourd'hui, J'ai parachevé votre religion, Je vous ai comblés de la Plénitude de Ma Grâce et J'agrée pour vous l'Islam comme religion. ». (Coran 5. 3) Ainsi prit fin la révélation coranique.
Le dernier pèlerinage est connu sous le nom de Pèlerinage d'adieu, parce que le Prophète, qui recevait la visite de l’Ange Gabriel, une fois par an, pour lui faire réciter le Coran, afin de valider son authenticité, exigea cette année une double récitation, signe qu’il ne reparaîtrait  plus et que désormais le Livre Sacré était à l’abri de toute altération,  d’autant qu’il avait été déjà consigné intégralement par écrit, sous le contrôle du Prophète.  Dès lors, celui-ci était conscient qu’il s’agissait de sa dernière année. Quelques jours plus tard, il quitta La Mecque qu'il ne devait jamais plus revoir. Ses forces commençaient à décliner, il était souvent souffrant. Pendant vingt-trois ans, temps que dura la transmission du Message coranique, il subit des épreuves épuisantes, harassantes. Au mois de Moharrem de la 11ème  année de l'Hégire sa maladie s'aggrava. Il se plaignait de violents maux de tête.
Profitant de la situation, quelques mystificateurs se prévalant de la qualité d'envoyés de Dieu, firent leur apparition et essayèrent de gagner à leur cause la population. Les trois principaux usurpateurs furent :
- Aswad, qui apparut au Yémen. Il faisait des tours de prestidigitation et incitait ses disciples à refuser le paiement de la zakat.
- Mossaïlima du Yemama. Il dispensa ses adeptes de la prière, autorisa la consommation des boissons alcoolisées et introduisit la pratique de la liberté sexuelle.
- Tolaïha de la tribu des Béni Assad. Il exempta ses fidèles de l'obligation de la prière et du jeûne.
Malgré les allègements et les facilités qu'ils accordèrent à leurs adeptes, tous les faux prophètes furent éliminés, victimes expiatoires de leur imposture. Quand l'état de santé de Mohammed s'aggrava, il emménagea chez sa femme Aïcha, la fille de son fidèle ami Abou Bakr. Il avait une forte fièvre et était allongé. Il demanda à ce dernier de présider la prière à sa place car il n'était plus en mesure de le faire. Le sixième jour du mois de Rabi' el Aouel, se sentant un peu mieux, il se rendit à la mosquée et prononça son dernier sermon. « Si la mort est une nécessité, dit-il, il existe après elle, un jour de justice où les hommes feront des réclamations les uns les autres. Les puissants de la terre réclameront contre les faibles et ceux-ci contre les grands. Il n'y aura de faveurs ni pour moi ni pour personne. Maintenant que je suis encore parmi vous, réclamez-moi votre dû. Si j'ai frappé quelqu'un, voici mon dos, qu'il exerce la loi du talion. Si j'ai offensé quelqu'un, voici mon honneur, qu'il en tire vengeance. Si j'ai pris le bien de quelqu'un, qu'il le reprenne. Purifiez-moi aujourd’hui de toute injustice afin que je puisse comparaître devant Allah, sans blâme et sans reproche envers personne. »
Les assistants répondaient émus : « Ô Prophète, nous sommes nous-mêmes tes débiteurs ! » Ensuite il regagna sa demeure. Il était de plus en plus malade. Quelques jours passèrent et son mal ne cessait d'empirer. Comme il ne pouvait plus se tenir assis, il posa la tête sur les genoux de sa femme. Il transpirait beaucoup et ne cessait de répéter à voix basse : « Il n y a aucun dieu en dehors d’Allah Lui-même.  Il dit encore : « Quelle agonie dans la mort! ». Puis il murmura: « Avec le compagnon le plus haut. » Il ouvrit la bouche, la referma et rendit l'âme,  le lundi 12 du mois de Rabi ' et Aouel. (Juin 632). Ce fut la stupéfaction chez les Musulmans qui refusaient de croire que le Prophète de Dieu était mort. La foule se rassembla devant sa demeure. Abou Bakr dut intervenir énergiquement afin de dissiper les doutes et prononça ces paroles historiques : « O Musulmans, Mohammed a quitté ce monde. Que ceux qui adoraient Mohammed sachent qu'il est mort, mais que ceux qui adorent Dieu, sachent qu'il est Vivant et ne meurt jamais. »
La foule accepta alors la réalité dans une profonde émotion. Le Prophète fut enterré à l'emplacement même où il rendit le dernier soupir,  là où se trouve maintenant la grande mosquée de Médine. Ainsi, s'éteignit l'homme le plus admiré et le plus controversé de tous les temps. Admiré par ceux qui l'ont côtoyé durant toute la vie et pris comme gages, sa sincérité, sa loyauté, son courage, son désintéressement, sa foi inébranlable et son intégrité absolue qui plaident en faveur de l'authenticité absolue de sa Mission prophétique. Controversé par ceux qui avaient à lui opposer des ressentiments injustifiés dont la conscience a été forgée dans les ténèbres du Moyen Age, et qui sont eux-mêmes en manque de reconnaissance divine. Et dominant les problèmes conjoncturels, la Parole d’Allah Unique et Tout-puissant, préservée dans le Coran Sacré, restera à jamais le témoin solennel qui jugera entre les hommes le Jour de la Résurrection,  afin que chacun reçoive son dû, en bien ou en mal, sans que personne ne soit lésé.
 

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